Nous vivons une situation inédite et exceptionnelle … on ne vous apprend rien. Certaines questions surviennent et nous allons y répondre sans ambiguïté … et sans certitude totale, l’avenir nous dira si nous avions raison !
Pourrons-nous (re)démarrer la saison touristique dès le 4 avril ? NON. On l’a assez dit, la crise ne fait que commencer, et on se dirige rapidement vers une nouvelle étape encore plus restrictive pour nos activités, voire une mise à l’arrêt du tourisme mondial (ce week-end, plusieurs compagnies de croisière ont décidé de la suspension totale de leurs activités, et ce n’est pas terminé).
Début avril, nous serons probablement proches du pic de l’épidémie en Belgique et en France, avec une mobilisation maximale des moyens médicaux. Le CNS (Conseil National de Sécurité) a fixé l’échéance du 3 avril (veille des vacances scolaires, tout sauf un hasard) afin de ne pas inutilement amplifier l’onde de choc des mesures décidées jeudi dernier, mais il est déjà certain que le mois d’avril sera catastrophique pour notre secteur.
Suite aux informations qui tombent chaque jour, tous les agents de voyages se mobilisent actuellement, jour et nuit, week-end compris, pour dépanner leurs clients sur le départ ou en séjour. Cette preuve de conscience professionnelle remarquable est malheureusement peu ou mal relayée par les médias. Nous constatons cependant que certains agents de voyages espèrent encore que les départs durant les prochains congés scolaires soient possibles …
Soyons clairs, pour les départs en avril : « forget it » … car nous subirons encore une situation de Lock Down à ce moment. Les entreprises touristiques, culturelles et autres doivent donc anticiper ce scénario (notamment en termes de gestion des dossiers de réservation et des ressources humaines), dès maintenant, sans attendre l’annonce officielle de nouvelles mesures.
Quand cette crise se terminera-t-elle ? PERSONNE NE LE SAIT. Cela ne signifie pas qu’il faut faire le gros dos, attendre, et se montrer réactif au moment voulu. Non, comme dans toute gestion de crise, la proactivité et l’anticipation sont des moteurs essentiels pour aboutir à une solution rapide.
Établir des scenarii sur base de la fameuse « courbe de Gauss » et estimer leur probabilité fait partie du processus : un retour à la normale (donc à la reprise des activités touristiques) en mai est le scénario le plus optimiste, basé sur la « recette chinoise », c’est-à-dire avec des mesures de confinement strictes. Juin est plus probable … quant au scénario pessimiste (prolongation de la crise en été), dont personne ne veut entendre parler, il doit malheureusement aussi être pris en compte.
Les entreprises touristiques doivent donc établir un plan de bataille pour chaque scénario car elles vont faire face à une priorité : préserver leur trésorerie. Nous n’allons pas aborder ici les pistes de solutions mais il est clair que le tsunami économique qui se prépare risque de mettre au tapis de nombreuses sociétés, particulièrement les PME qui constituent le tissu de notre secteur d’activité.
Les tour opérateurs, agents de voyages et autocaristes ont été les premiers à déguster, maintenant c’est le secteur Horeca, mais au final tout le monde « passera à la casserole » … alors autant s’y préparer.
Et après, tout redeviendra-t-il comment avant ? NON. Restons positifs, nous n’allons pas tous mourir (enfin si, cela finira bien par arriver un jour, mais le plus tard possible évidemment) et nous allons surmonter cette crise.
Mais, tout comme mai 68, la chute du Mur de Berlin et les attentats du 11 septembre ont marqué un tournant dans la société et impacté durablement l’industrie du tourisme, ce qui nous arrive actuellement est historique et semble confirmer la théorie de la « wild card » (voir notre article en date du 5 mars) : il y aura très clairement un « avant » et un « après ».
Voyons les choses positivement, au-delà des victimes, le choc peut être salutaire et ainsi accélérer certaines évolutions sociétales : mise en avant des destinations proches, slow tourisme, prise en compte des enjeux environnementaux et démographiques (bien au-delà du simple combat contre le réchauffement climatique) … après la crise, on assistera également à un retour en force des besoins en loisirs (donc à une forte reprise de notre business), voire à un nouveau « baby-boom ».
Nos entreprises touristiques devront cependant s’adapter, se réinventer avec des paramètres économiques et sociétaux qui auront radicalement changé. Certes, à court terme il faut travailler dans l’urgence pour « limiter la casse » mais rien n’empêche les opérateurs touristiques et culturels d’anticiper (encore une fois, c’est le maître-mot) et de proposer dès maintenant des solutions alternatives et créatives …