Commune exceptionnellement verte, l’entité possède un patrimoine inexploré. Située entre la zone semi-naturelle des marais dits « de Ganshoren », l’Avenue Charles Quint et la Basilique, la municipalité compte en son sein un joyau : le château de Rivieren. De 1958 à 1960, Brel s’installa à Ganshoren et y écrivit un de ses plus grands succès. Rencontre avec Jean-Paul Van Laethem, son Bourgmestre f.f. pour notre quatrième rencontre bruxelloise du tourisme.
Van Laethem, chef de cuisine à Ganshoren
Ce petit-fils de restaurateurs de l’Ilot Sacré bruxellois a fait l’école hôtelière au Ceria à Anderlecht. Il habite Ganshoren depuis 1972. Il est né au sortir des fourneaux d’un établissement que ses grands-parents remettent en 1976 pour, eux-aussi, s’installer dans cette commune périphérique de la capitale. « A l’époque, l’îlot était fréquenté par les agents de change de la Bourse toute proche ou par des Bruxellois. Pas uniquement par les touristes » nous raconte-t-il.
Sa commune comporte deux établissements de renom. Bruneau, dont le classicisme culinaire a largement dépassé nos frontières et le San Daniele qui possède également une étoile au Michelin. Après avoir lui-même porté la toque dans différents établissements, il rentre en politique. Il travaille dans des cabinets ministériels. Parmi ceux-ci, il retient la personnalité emprunte de compromis de Jos Chabert, qui l’impressionne.
Depuis 1997, il est successivement conseiller communal, Echevin puis premier Echevin. Depuis quelques mois, il est au piano de sa commune, suite au décès brutal du Bourgmestre précédent.
La commune des oies
L’entité ne se résume pas à l’avenue Charles Quint. Ganshoren, c’est plus de 11 hectares de marais en bordure du Parc Roi Baudouin (Jette). C’est aussi un immense espace vert en son centre comprenant le célèbre château de Rivieren et son parc arboré.
Détenues par une entreprise privée, les salles du château sont louées pour différents évènements, dont certains de grandes ampleurs. Des initiatives communales y prennent lieu également : en juillet et pour la troisième édition de « Bruxelles fait son cinéma », un film y sera projeté en plein air.
La destination peut également s’enorgueillir de comporter en ces murs le dernier agriculteur de Bruxelles. Étymologiquement, la commune trouverait ses origines dans « Gans » et « hore » qui signifient respectivement « oie » et « marais aux oies ». Saint-Martin est apposé sur l’armoirie du bourg.
Le domicile de Jacques Brel
La personnalité belge la plus connue du pays (avec Magritte) y a élu domicile au 79, Avenue du Duc Jean. Après 4 années à Paris, le grand Jacques s’installe, deux années durant, à l’ombre de la Basilique.
Petit, il faisait du vélo dans le parc Elisabeth, non loin de la pâtisserie de la famille Sirre, à laquelle il est apparenté. Il y connaît ses premiers grands succès avec «Ne me quitte pas» et y compose «La valse à mille temps».
Ses voisins purent en profiter bien avant tout le monde… Plusieurs itinéraires sont proposés dans la capitale et comportent naturellement la destination comme étape.
Défis à venir
D’un point de vue touristique, le charme trop discret de la commune ne génère pas un attrait de premier ordre. La chose est acquise et assumée. Loin de s’en satisfaire, le Bourgmestre f.f. ne manque cependant pas d’ambition.
En relation avec la commune voisine de Koekelberg, un circuit automobile consacré aux véhicules électriques a failli voir le jour. Le projet n’a pas eu lieu mais la commune est toujours ouverte à un projet d’envergure, éventuellement avec les communes voisines.
Jacques Brel fait l’objet de rassemblements annuels qui pourraient prendre plus d’ampleur dans les communes concernées. Initier un WE Brel pourrait avoir du sens.
Cet avis est partagé par Mme Cornelissen, Echevine de la Culture française. Renforcer activement les collaborations avec le château de Rivieren, intégrer d’avantage d’œuvres d’art dans l’espace public aurait du sens.
Cette dernière prend pour exemple la sculpture d’Hanneke Beaumont sur le square du Centenaire.
D’un point de vue urbanistique, l’Avenue Charles-Quint devrait être repensée. Prolongée par le Boulevard Léopold II, elle fut jadis une des plus belles entrées sur la capitale.
L’Avenue gagnerait en intérêt si les tunnels étaient étirés jusqu’à son embouchure ou si le métro permettait aux nombreux navetteurs d’abandonner leurs véhicules en amont pour atteindre le centre via les transports en commun.
Étape gourmande par excellence, Ganshoren possède des arguments qui doivent être exploités pour faire revivre ses atouts au niveau touristique. Brel et Rivieren sont de ceux-ci. Surtout ici plus qu’ailleurs, des initiatives communales et privées peuvent redonner des senteurs, des notes et une beauté qui ne pourront que plaire à un public avide de découvertes.
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Jette : au pays du surréalisme