Pour ce second rendez-vous bruxellois du Tourisme, nous avons laissé la parole à Patrick Debouverie, Echevin du Tourisme à Saint-Gilles. La commune balance entre l’Art Nouveau et l’art contemporain. Les Français et un public jeune aiment la destination et s’y installent.
Debouverie, un homme passionné et raisonnable
Debouverie est un amoureux de sa commune. Ses locaux sont installés dans un des trois plus beaux hôtels de ville de la capitale. Dans son cabinet, une toile de Paulus et une sculpture de Jef Lambeaux. Dans la pièce grandiose qui fait lieu d’office échevinal, l’homme politique nous présente un superbe recueil retraçant 8 siècles d’histoire saint-gilloise.
« Pauvre de par son passé récent, la commune a su préserver son patrimoine exceptionnellement riche», nous dit-il d’emblée. Il nous laisse entendre que les grands projets immobiliers modernes n’ont pas défiguré ses artères. Jeune de par sa population, la ville a vu naître des idées originales: « les cafés littéraires, bars à vin et concepts jeunes et innovants sont essentiellement situés aux abords de l’Hôtel de Ville, le Parvis étant devenu un pôle horeca et culturel » nous fait-il remarquer.
Juriste à la base, il fut en charge de l’instruction publique lors de ses débuts en politique. Ce sont désormais les choses économiques et touristiques qui font, entre autres, partie de ses prérogatives. L’homme ouvre, sur réservation, la porte des salles communales.
Un public intéressé pourra, par exemple, découvrir une fresque sublime et inachevée de Fernand Knopff dans la salle des mariages. Le patrimoine de l’hôtel de ville est suffisamment exceptionnel pour qu’un livre, édité en 2004, en révèle les richesses.
Saint-Gilles, la porte d’entrée des touristes à Bruxelles
Chargé de la coordination du quartier, l’Echevin nous parle de la gare du midi. Celle-ci accueille la grande majorité des étrangers arrivant par le train dans la capitale. Il regrette que la SNCB se désintéresse de cet important lieu de transit. Contrairement aux chantiers somptueux d’Anvers, de Liège ou de Mons, la Bruxelloise ne bénéficie pas de la manne ferroviaire.
Deuxième commune hôtelière de la capitale, la destination propose 3.500 chambres. Deux hôtels sont en construction et d’autres, en phase de rénovation.
Les évènements récents ont impacté l’hôtellerie saint-gilloise. La tendance serait néanmoins à la hausse depuis quelques mois. Saint Gilles a comptabilisé 754.429 nuitées en 2015.
De nombreuses chambres d’hôtes existent dans la commune dont une partie importante est tenue par des ressortissants français. Nos grands voisins aiment l’ambiance « Saint-Germain des prés » qui y règne.
Horta, art et Horeca : les trois atouts de la commune
La maison Horta comptabilise quelques 65.000 visiteurs tous les ans. Une extension du musée a été inaugurée en octobre 2016 : des expositions d’y déroulent régulièrement. Un circuit consacré à l’art nouveau traverse la commune. Celui-ci permettra de voir la maison du peuple sur le Parvis de Saint-Gilles.
Dans le quartier Louise, sur le Parvis ou place de Bethléem, une foule d’établissements permettent de goûter aux cuisines du monde. Des micro-brasseries existent çà et là. La convivialité est, avec l’art et Horta, le trio gagnant de la commune.
Jusqu’il y a peu, 1/3 des galeries d’art bruxelloises s’y trouvaient, faisant de Saint-Gilles la Soho locale. Après un récent passage à vide, les galeristes reviendraient sur le territoire communal, redonnant au côté convivial un côté culturel appréciable.
Les informations utiles sont accessibles via l’adresse suivante : http://www.stgilles.irisnet.be/fr/services-administratifs/culture/musee-horta/
Saint-Gilles et les défis à venir
Plusieurs défis attendent le tourisme saint-gillois. Sous tutelle financière de la Région, l’entité a désormais un faible angle d’action. VISIT BRUSSELS est une structure régionale (financée par la Région) et son CA ne comporte dès lors plus de représentation communale mais uniquement régionale. Des partenariats sont toujours possibles et Saint Gilles est régulièrement sollicitée.
Debouverie souhaiterait que des accords plus souples existent entre le régional et le fédéral sur les lieux touristiques reconnus. La mise en zone touristique d’un quartier permet aux commerces d’ouvrir 7j/7.
Mais, contrairement au commerce de détail, le secteur HORECA n’est pas visé par la loi relative aux heures d’ouverture des commerces et peut donc ouvrir 7 j/7 et 24 h/24 quel que soit le lieu de leur implantation.
La problématique des tunnels a fait du tort et une solution serait la bienvenue. D’autre part, les charges en matière de police sont importantes. La présence de la gare, le transfert des prisonniers et le remplacement des gardiens en cas de grève constituent une charge importante. Les finances de la ville sont grevées de dépenses en constante augmentation.
En matière d’emplacement de cars, la commune privilégie les navettes. Le gros de l’hébergement hôtelier est concentré chaussée de Charleroi et dans les petites rues perpendiculaires. L’axe est fortement utilisé et le tram y passe. Difficile dans ses conditions d’y prévoir des emplacements pour de grands charrois.
Pragmatique, Patrick Debouverie nous a laissé une forte impression. Avec des moyens limités, il possède une vision intéressante du tourisme dans sa commune. Une analyse qu’il maîtrise dans les moindres détails, fruit de nombreuses années passées sur le terrain.
Pour retrouver Les interviews précédentes, cliquer sur le titre :