Alors que les manifestions pour le climat se multiplient un peu partout dans le monde et que le journal Libération du 3 avril dernier titrait « Et si on arrêtait de prendre l’avion », l’association professionnelle française des agences de voyages avec BVA ont voulu en savoir plus… Et les résultats de l’enquête ont de quoi faire réfléchir… Et pas seulement qu’en France.
Dans un récent article, nous vous avions informé du phénomène « flygskam* » qui a obligé une compagnie suédoise locale a revoir ses plans de vol (*littéralement, la honte du vol en suédois). Celui-ci peut il se reproduire ailleurs, avec quelles conséquences ? Les Entreprises du Voyage ont voulu prendre le pouls des Français et plus particulièrement de ceux qui voyagent régulièrement en avion..
Voyageurs professionnels contre touristes
Un sondage BVA/Les Entreprises du Voyage a été réalisé du 17 avril au 2
mai 2019 auprès d’un échantillon représentatif* dont les résultats ont été publiés ce mardi.
Premier point saillant de l’enquête, c’est que le réchauffement climatique est désormais une préoccupation qui fait l’unanimité, 8 français sur 10 se déclarent préoccupés et près d’un tiers se disent même très préoccupés (31%)
Mais s’ils sont préoccupés, ils sont quand même un tiers a avoir pris l’avion au cours des 12 derniers mois. Avec une différence toutefois ; c’est chez les voyageurs professionnels qu’on porte une attention plus importante au bilan carbone (40 %) contre seulement 27 % pour les voyageurs loisirs.
Partir moins loin… ou ne plus partir du tout ?
Mais ce qu’il faut surtout retenir pour les professionnels du tourisme, c’est qu’une part importante des voyageurs (63%) a déjà (37%) ou envisage (26%) de changer son comportement pour limiter l’impact environnemental de ses voyages en avion…
Parmi les pistes proposées par les sondés, près d’un sur deux (49%) choisiraient une destination moins lointaine, 44 % renonceraient à l’avion pour un mode de transport moins polluant et un tiers (34%) compenseraient les émissions carbone de leurs voyages
Plus inquiétant, 30% renonceraient à leurs voyages. Et si l’on affine un peu plus, ce sont surtout les femmes (68%), les moins de 35 ans (76%) et les sympathisants de gauche (77%) qui sont les plus enclins à modifier leur manière de voyager.
Un mal…. pour un bien ?
Certes, l’avis des Français ne vaut pas pour l’Europe, loin de là, mais ces chiffres ont eu de quoi faire réfléchir leurs instances professionnelles… qui les prennent très au sérieux. Car ils risquent de modifier en profondeur la carte touristique mondiale…. et rebattre la donne établie.
Ces comportements montrent surtout qu’il y a désormais une prise de conscience consumériste de l’urgence sur le devenir de la notre planète… Et il y a de quoi. Dans une étude publiée ce lundi, l’Académie Américaine des Sciences (Pnas) explique que la hausse du niveau de la mer pourrait être bien supérieure aux prévisions du Giec dont la «prédiction médiane est de 69 cm dans un schéma optimiste… et de plus d’un mètre (1,11 m) dans la trajectoire actuelle (du réchauffement – ndlr) ».
« Nous concluons qu’il est plausible que la montée du niveau des mers dépasse deux mètres d’ici 2100 dans un scénario de haute température (+5°C ndlr). Cela se traduirait par la perte de 1,79 million de m² de terres, et le déplacement de 187 millions de personnes. Une montée des mers de cette ampleur aurait des conséquences profondes pour l’humanité », avertit l’auteur principal, Jonathan Bamber, professeur à l’université de Bristol.
Adieu les Maldives, les îles polynésiennes et tant d’autres destinations touristiques paradisiaques rayées de la carte… Alors, voyager moins loin, autrement… ou plus du tout ? Voici ce qui pourrait être bien être l’équation à multiples inconnues qu’auront à résoudre les professionnels du voyage dans un futur de plus en plus proche… Sauf pour les croisiéristes qui pourront bientôt ajouter le Mont Blanc à leurs prochaines escales…
Hervé Ducruet
* Échantillon de 2.004 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes :sexe, âge, profession de l’interviewé, région et catégorie d’agglomération.
Si certes l’aviation ne représenterait que 3% des émissions mondiales de CO2, si on arrive à réduire cela de 3 à 2%, ce serait magnifique.
Il devient grand temps de réduire le nombre de trajets professionels. Je pense que bon nombre de réunions à l’étranger pourraient être remplacées par des call ou video conferences.
Et puis les vols courtes distances devraient être remplacés par d’autres modes. Je trouve cela inacceptable qu’il y ait toujours des vols Bruxelles-Amsterdam, Bruxelles-Paris. Ces trajets peuvent parfaitement se faire en train ou en autocar.
Même sur des trajets comme Bruxelles-Francfort, Bruxelles-Lyon etc, le tgv devrait être la priorité…
Que les agences de voyages prennent conscience de ceci: pour transporter +/- 180 personnes de Bruxelles à Barcelone, un Airbus A320 ou Boeing 737 brulera +/- 30.000 litres de kérosène! Si l’on transporte ces 180 personnes à l’aide de 3 autocars double étages en royal class (pour un meilleur confort), ces 3 autocars vont brûler ensemble +/- 1260 litres de diesel ! Grosse diffférence, n’est-ce pas ?
J’ai l’impression que peu de gens sont conscients de cette différence, et que expliqué comme cela, l’autocar pourrait (re)devenir une alternative valable !
Et les journées shopping à Milan avec des billets d’avion a-r pour 40 euro devraient être interdits !
Idem pour les avion de marchandises. Bon nombre de vols de nuit de DHL et consorts pourraient être remplacés par des camions, et pourquoi pas par des TGV marchandises, vu que les lignes TGV restent inutilisées toutes les nuits…
Je trouve cela inacceptable que des avions de fret fassent encore des trajets de nuit entre Paris et Bruxelles…
Et pour finir, comment expliquer que les avions, tant pour passagers que pour marchandises, ne payent pas d’accises sur le carburant, alors que les autocars et les camions (et les trains diesel) eux doivent payer des accises.
Il devient urgent que soit le kérosène soit également soumis aux accises, soit que le diesel routier pour les transporteurs terrestre (cars, camions, trains) soit également dispensé d’accises, de façon à ce que le transport terrestre ne subisse plus de concurrence déloyale du transport aérien !