Woody Allen, la peste noire et les leçons de la COVID-19

Notre chroniqueur éco nous parle de la peste noire du 14e siècle et tire un parallèle avec la Covid 19.

C’est Woody Allen qui disait que « l’avantage d’être intelligent, c’est qu’on peut toujours faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible». On va l’écouter, et on va se poser la question aujourd’hui de savoir si cette pandémie aura ou non suscité des changements. Autrement dit, si en dépit des drames qu’elle provoque notamment auprès des commerçants et des indépendants, pourra-t-on en tirer des leçons positives ?

Lorsqu’on est face à la crise, imaginer qu’on puisse tirer quelque chose de positif de cette crise semble être la plus grande forme de bêtise sur terre. Et pourtant, comme le rappelle à juste titre l’économiste Nicolas Bouzou, même la peste noire qui a tué un tiers de la population européenne au XIV siècle a suscité des conséquences positives.

D’abord, le choc démographique que cette peste noire a libéré les paysans de la tutelle de leurs seigneurs. Comme le nombre de paysans a chuté dramatiquement, les salaires ont décollé car les nobles de l’époque se disputaient la main d’œuvre paysanne survivante. Les paysans arrivent même à arracher des baux à vie qui seront transmissibles de génération en génération.

Nicolas Bouzou a raison de rappeler que la peste noire a donc éliminé le servage et permis aux paysans d’obtenir la propriété de leurs terres. Mais ce n’est pas tout, en Chine, la population est abondante car il n’y a pas d’épidémie, il n’y a donc aucune incitation à innover. Alors qu’en Europe, la mort d’un tiers de la population a forcé le recours à la force des animaux et des machines pour remplacer le muscle humain.

Autrement dit, la peste a accéléré le progrès technique, elle a condamné l’Europe à innover, ce qui a aussi permis ensuite une baisse du prix des denrées alimentaires de base. Cela a permis d’augmenter le pouvoir d’achat des européens.

Ce n’est pas tout, la peste noire provoque aussi une formidable redistribution des situations acquises à une époque où il n’y a pas d’impôt sur les successions. Et sur le plan psychologique, la vie par définition très courte et très aléatoire de l’époque suscite une formidable remontée de la natalité. A chaque fois après les épidémies, les historiens l’ont constaté, on se remarie, on fait des enfants et comme le dit Nicolas Bouzou, c’est une sorte de défi lancé à la mort.

D’ailleurs, cet état d’esprit se retrouve dans l’art pictural de l’époque qui est plus coloré et illustre l’optimisme et la joie de de vivre. Et nous, qu’allons-nous tirer comme leçon de ce COVID-19 ? Est-ce la réduction des inégalités, la prise en compte de l’urgence climatique ou autre chose encore ?

Là encore, c’est Woody Allen qui disait « je ne sais pas si Dieu existe. Mais s’il existe, j’espère qu’il a une bonne excuse ». Et donc oui, je suis comme vous, je cherche encore cette excuse. Mais il parait aussi que lorsque le serpent mue, il est aveugle.

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