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Vu d’Europe, on a l’impression que tout va bien en Chine: c’est loin d’être le cas

© reuters

La République populaire de Chine fête ses 70 ans: c’est l’occasion pour nous de faire le point sur ce pays qui aujourd’hui rivalise avec les États-Unis.

Quand j’étais plus jeune, il y avait un livre qui avait connu beaucoup de succès. Le titre de ce livre était : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » et il était rédigé par Alain Peyrefitte, un ancien ministre français, décédé depuis lors.

Or, hier, la République populaire de Chine a fêté ses 70 ans d’existence. Depuis lors, la Chine a beaucoup changé. Les lecteurs plus âgés se souviennent que lorsque nous étions à l’école, nos parents nous disaient : « Termine ton assiette, pense à ces pauvres Chinois qui n’ont pas assez à manger ».

Aujourd’hui, les mêmes parents diraient plutôt : « Termine tes études, sinon un Chinois prendra ta place ». Tout est dit. D’ailleurs, quand Donald Trump s’attaque, comme il le fait aujourd’hui, à la Chine, même ceux qui n’aiment pas le président des États-Unis reconnaissent qu’il n’a pas entièrement tort.

En effet, lorsque la Chine est entrée dans l’organisation mondiale du commerce en 2001, elle n’a pas tenu ses promesses d’ouverture de son économie aux investissements et aux produits étrangers. En clair, la Chine a profité de l’ouverture du monde pour inonder ce monde avec ses produits Made in China, en revanche, son propre marché est resté assez verrouillé pour ne pas dire totalement fermé.

Emmanuel Macron a dit quelque chose de très vrai à ce sujet, et je le cite : « On ne peut pas reprocher aux Chinois d’avoir été intelligents. On peut se reprocher d’avoir été stupide ».

Aujourd’hui, pour ses 70 ans, la Chine peut montrer au monde entier qu’elle a réussi à concilier l’eau et le feu. Elle est d’ailleurs la seule au monde à avoir réussi ce mélange. L’eau, c’est le fait d’avoir une société ouverte pour ne pas dire hyper-capitaliste. Le feu, c’est d’avoir réussi à maintenir une dictature de fer sur la société et la vie politique.

Le résultat, c’est qu’aujourd’hui pour fêter ses 70 ans, la Chine nous rappelle qu’elle garde dans le viseur l’année 2049, c’est l’année où la Chine assurera sa suprématie finale sur les Etats-Unis. Mais justement, vu d’Europe, on a l’impression que tout va bien en Chine.

C’est loin d’être le cas, d’abord, parce que le président chinois est contesté à l’intérieur de son propre parti. Ce qu’on lui reproche, c’est d’être sorti du bois trop tôt. En effet, la tradition en Chine, c’est de faire profil bas, de ne pas montrer son côté conquérant. En gros, certains reprochent au président chinois actuel d’être sorti dix ans trop tôt du bois. Bref, d’avoir montré son jeu de cartes aux Américaines un peu trop tôt.

Et puis, il y a aussi le secteur privé qui reproche au président Chinois de chercher la confrontation avec Donald Trump au lieu de jouer la carte de l’apaisement. En fait, c’est l’affrontement technologique qui n’était pas prévu et qui pose quelques soucis aux grandes entreprises chinoises.

Avec des Chinois qui passent en moyenne six heures par jour sur les réseaux sociaux, le gouvernement chinois a compris que s’il veut garder le pouvoir, il doit contrôler ce monde virtuel. Et ça, c’est pas une mince affaire. D’autant que la révolte des jeunes à Hong Kong contre l’hyperinflation immobilière montre au parti communiste chinois que rien n’est jamais acquis, même dans une dictature de fer.

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