Voyages, tourisme et politique

Nous avons donc un gouvernement… PagTour ne fait pas de politique, mais émet des avis, des opinions personnelles, et nous n’allons pas nous en priver. Un poste de ministre (et même de vice-premier ministre) nous interpelle évidemment : c’est celui de la Mobilité, dévolu à Georges Gilkinet.

Wait and see

L’homme n’est sans doute pas un intégriste dans son parti, et c’est tant mieux. Précisons quand même que dans « Mobilité » il y a entre autres l’éternelle problématique du survol de Bruxelles.

On s’inquiète donc un peu pour l’avenir de notre aéroport National, et en corollaire pour les voyageurs qui l’empruntent. Faisons confiance à un homme qui semble réfléchi, tout en restant un peu inquiet vis-à-vis des prises de position du lobbying que son propre parti, ou sa version flamande, ne manquera pas de faire en le poussant dans le dos.

Un peu d’ironie

Un de nos lecteurs est sans doute plus… dubitatif encore, en maniant l’ironie : « Georges Gilkinet est ministre de la Mobilité et de la SNCB. Bien vu! Cela prouve déjà que nos trains n’ont rien à voir avec la mobilité. La dernière fois qu’un Ecolo s’est occupé de mobilité (on disait « transports »), c’était Isabelle Durant. Le secteur aérien en a gardé un souvenir ému! Le seul qui doit être content est le rédacteur en chef de Touring Magazine, la revue des cyclistes. Quant aux bandes de circulation rue de la Loi, on peut enlever le mot « provisoire »… définitivement. Ma seule consolation est que Gilkinet va pouvoir se taper les riverains de Brussels Airport! »

Vive l’Ardenne… luxembourgeoise !

Mais je voudrais aussi aborder un autre sujet que nous avons un peu perdu de vue. Il est hélas trop tard, le mal est fait, mais ce sujet est exemplatif des dérives de nos politiciens.

Nous avons reçu hier la superbe brochure Regards d’Ardenne. Elle contient des tas d’adresses, de lieux méconnus, de conseils de visites : vraiment très belle et très utile pour tous les amoureux de l’Ardenne, prise ici dans son sens étroit puisque c’est exclusivement la province de Luxembourg qui est mise en exergue.

Les Maisons du Tourisme

Et puis nous arrivons à la dernière page, page 50, et voilà que nous reviennent de pénibles souvenirs : ceux du plan de réforme des Maisons du Tourisme wallon.

J’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour le ministre René Collin, en charge du tourisme, mais sur cette question, j’ai été révolté. Rappelons que le plan de réforme demandait la fusion de plusieurs des 42 Maisons du Tourisme, dans le but de « rationnaliser » et de faire des économies d’échelle. Le problème, c’est que le mot n’avait semble-t-il pas la même résonnance pour tout le monde.

On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même

Je vois que la province de Luxembourg a conservé pas moins de NEUF maisons du tourisme. Je cite leurs implantations pour que l’on tente de comprendre les « énormes » différences qu’il y a entre ces régions : Vielsalm, Marche-en-Famenne, La Roche-en-Ardenne, Saint-Hubert, Bastogne, Neufchâteau, Bouillon, Arlon, Virton. Tout cela peut sembler logique, on applaudit. Mais il a fallu financer cela… au détriment des autres !

Dans le même temps où l’on prolongeait ces Maisons de Tourisme, on demandait, par exemple, au Brabant Wallon de fusionner celle qui groupait les 5 communes concernées par la bataille de Waterloo avec une région comprenant Tubize, Clabecq, Ittre, Nivelles, une autre avec Jodoigne ou Jandrain, une autre encore avec Walhain et La Hulpe : toutes propositions faites en dépit du bon sens ou de la logique touristique.

Le seul accord possible a été de mettre sur pied une Maison du Tourisme du Brabant Wallon, très vaste territoire comprenant 20 communes, c’est-à-dire toutes celles de la province sauf les 5 de l’extrême-Est.

33% pour la Province de Luxembourg !

Il reste pour toute la Wallonie 27 Maisons du Tourisme, dont 9 pour la seule province de Luxembourg, soit 33% ! Il ne faut évidemment pas les fusionner, c’est très bien ainsi. Mais c’est ici qu’intervient ma critique du système démocratique, le moins mauvais de tous.

Comment ça marche (ou Marche ?)

Un ministre, élu dans sa circonscription, ne va jamais agir en fonction d’une liste de priorités d’actions dans le domaine pour lequel il est responsable, mais avant tout dans l’intérêt de sa propre circonscription, celle qui lui assurera sa réélection. Le système est complétement vicié, puisque celui ou celle qui pourrait être le meilleur ministre dans un domaine précis pourrait ne pas être réélu pour le motif qu’il n’aurait pas mis sa circonscription parmi les priorités.

Ce n’est pas nouveau

ni propre à notre ancien ministre du tourisme : pendant plus d’une décennie, Wallonie-Belgique-Tourisme a été présidé par des Hennuyers, des Montois plus précisément, et on a pu faire croire pendant tout ce temps que le Hainaut était de loin la province immanquable à visiter en Belgique.

Et tout n’est pas mauvais dans ce constat, puisque cette province est réellement devenue importante pour le tourisme wallon. Mais peut-être au détriment d’autres régions. La politique n’est pas simple, le tourisme n’est pas simple ; et la politique dans le tourisme recouvre tellement d’aspects… Cela fait longtemps que nous avions envie de le dire.

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