C’est à Ilulissat qu’est né et a vécu Knud Rasmussen et la visite de sa maison transformée en musée vaut le détour mais cette ville restera dans nos souvenirs le lieu spectaculaire de notre proximité avec des icebergs en pagaille…
Une première promenade de quelque 2 km sur les hauteurs de la ville le long d’un chemin en caillebotis surplombant une lande tourbeuse pailletée d’une végétation rase qui prend déjà des couleurs rousses d’automne permet d’atteindre un promontoire rocheux qui accueille même quelques bancs pour inviter chacun à contempler cette étincelante beauté de la dérive d’icebergs aux formes différentes, aux couleurs partagées entre blanc éclatant et bleu lumineux. Cette coulée de glace s’accompagne aussi de fracas lorsqu’elle devient rapide et l’encombrement des glaces trop important. Ce spectacle naturel mémorable a été salué par l’Unesco en 2004 déjà et donne l’occasion de nous interroger sur le réchauffement climatique qui affecte le site avec un recul du glacier, une augmentation des eaux de fonte et une accélération du mouvement des icebergs vers la mer, avec à terme une incidence certaine sur le niveau des océans.
En redescendant vers la ville, nous découvrirons combien celle-ci a des allures de ville de pionniers avec un mélange de maisons colorées souvent dressées sur pilotis pour leur permettre de s’ancrer dans les affleurements rocheux et de dominer les couches de neige de l’hiver, avec ses baraquements sous forme de containers et surtout les outils, charrettes et autres véhicules épars dans le paysage comme s’ils étaient abandonnés. On découvrira aussi ces chiens de traîneau quelque peu en chômage technique en cette fin d’été. Ils sont éparpillés entre les rochers, attachés chacun à une niche en attente d’un repas sans doute. Certains sont accompagnés d’un chiot qui court en liberté mais sans jamais trop s’éloigner. Attention à ne pas essayer de les amadouer, ces animaux n’obéissent qu’à leur maître et ils pourraient vous surprendre !
L’après-midi nous offrira deux heures d’émerveillement en face de cette beauté brute et toute naturelle pourtant. Nous repartons en « zodiac cruise » par petit groupe de 10, tous habillés de pied en cap pour se protéger du froid et gilets de sauvetage bien arrimés autour des épaules. Swan Hellenic nous réserve une première surprise lorsque nous nous approchons d’un zodiac où des membres d’équipage nous tendent à chacun une coupe de champagne pour célébrer ce moment de grâce ! Pétillant, inattendu et chaleureux ! Plus nous nous approchons des icebergs en dérive, plus nous nous sentons minuscules face à ces sculptures de glace et quand on sait que la partie visible ne représente que 10%, le reste étant immergé dans la mer, notre émotion est encore plus grande. C’est en silence d’ailleurs, médusés par cette expérience unique, que nous retournons vers le bateau qui s’illumine en cette fin de journée, rêve de chaleur et d’une soirée conviviale autour de nos souvenirs.
Kangerlussuaq, fin de la croisière
Sans aucun doute c’est ici qu’on éprouve avec le plus d’acuité que le Groenland est encore une terre de pionniers. La découverte du port quand on y débarque avec notre zodiac nous laisse pantois : que des containers et une grue mobile qui circule pour les déposer sur un plateau d’un camion qui va les transporter vers la petite ville, à une quinzaine de minutes du port. A la sortie du port d’autres containers bleus accumulent les déchets de la station et attendent le navire qui viendra les emmener vers une destination d’incinération. Pour nous conduire à la ville, des transports qui sont d’un autre âge, un bus scolaire jaune qui a sans doute servi en Amérique du Nord et qui vient finir sa vie dans ce bout du monde.
Pourtant Kangerlussuaq est traditionnellement l’un des principaux points d’entrée au Groenland. Ses humbles débuts à la lisière du pays peuvent être attribués à la construction d’une base aérienne américaine pendant la guerre froide et on y trouve la plus longue piste d’atterrissage du pays, ce qui lui vaut d’être un aéroport international que nous découvrirons le lendemain pour rejoindre Reykjavik. Ils seraient 500 habitants à vivre ici, regroupés autour de l’aéroport, vivant pour la plupart dans des containers colorés qui égaient le paysage.
C’est encore avec des bus que nous partirons à la découverte des paysages naturels intenses qui se trouvent juste à la porte de la ville, en empruntant des routes gravillonnées puis des pistes sableuses. On a choisi de faire un petit safari dans la toundra dont l’horizon est barré au loin par la calotte glaciaire. On sort ses jumelles pour débusquer des rennes ou des bœufs musqués qui, avec leur long pelage hirsute et leurs cornes recourbées vers l’avant, semblent débarquer des temps préhistoriques. Nous n’aurons pas cette chance, à peine un renne à proximité de notre véhicule et au loin un bœuf musqué. Par contre ce paysage tourmenté de petites montagnes rocailleuses semées de lacs et de landes couvertes de lichens et d’arbustes nains nous laissera un souvenir impérissable.
D’autres ont opté pour une excursion (payante) vers le glacier Russel, point d’accès à la calotte glaciaire, un voyage plus long en bus puis une randonnée pédestre de plus d’une heure qui permettent de déboucher sur une scène unique : au bout d’un paysage lunaire surgit une impressionnante falaise de glace qui atteindrait quelque 60 m de haut.
Pratique
Une adresse responsable de la distribution des expéditions de Swan Hellenic au Benelux et en France : Cruise Selection qui se veut le « pont » entre les agents de voyage, les clients et l’armateur, ce qui garantit aux professionnels et aux consommateurs d’avoir un point de contact où ils peuvent trouver toutes les informations dont ils ont besoin. Un site : www.cruiseselection.lu Un contact : [email protected].
Lire aussi notre article sur le navire et la compagnie : Swan Hellenic, nouvelle venue sur le marché des croisières d’exception
Une fois de plus un grand bravo pour ce très intéressant reportage.
Bs,
Marc Sprengers