Margaux a conclu son parcours en Travel & Tourism Management à l’Institut Charles Péguy avec un mémoire titré : Océans en péril. Analyse du rôle du secteur touristique dans la protection des écosystèmes marins.
Le plus grand challenge est d’intéresser l’étudiant à la cause. Nous avons eu un cours tourné vers l’écologie qui, bien qu’intéressant, n’avait malheureusement pas réussi à changer la vision de beaucoup d’étudiants. En effet ce cours avait pour objectif de nous conscientiser en nous disant « faites attention, c’est important ! » mais sans nous expliquer profondément « pourquoi c’est important ».
Pour réussir à sensibiliser correctement, nous devrions tout d’abord présenter une partie qui, comme dans mon mémoire, explique concrètement, l’état de notre planète aujourd’hui. Il faut des phrases, photos, et discours chocs. Il est nécessaire de les prendre par les émotions, les toucher, et les faire rentrer chez eux en sentant une once de culpabilité.
C’est seulement à ce moment-là qu’ils seront ouverts aux informations plus pratiques. Ce sujet étant considéré comme « ennuyant » pour la majorité des personnes, au moindre ton monotone, à la moindre phrase bateau et rébarbative, nous perdrons l’attention des étudiants.
Jusqu’à choquer
Ensuite, je proposerais un documentaire. Le but étant d’ancrer des images dans la tête des étudiants le plus longtemps possible. Il existe tellement de documentaires passionnants et captivants ! Ex : « Mission Blue » de Robert Nixon, « A Plastic Ocean » de Craig Leeson, « Chasing Corals » de Jeff Orlowski, « Born to be free » de Gayane Petrosyan ou encore « Terra » de Michael Pitiot, avec un coup de cœur particulier pour les deux premiers, touchant le thème de ce mémoire.
Ainsi nous les confrontons, au-delà des chiffres chocs et des photos, à des histoires, des témoignages, qui les plongeront, pendant 2 heures durant, au cœur des conséquences de nos actions, en leur exposant la concrétisation de ce qu’ils auront vu en première partie.
Dans nos métiers
La troisième partie serait donc tournée vers nos métiers. Il faudrait commencer par expliquer comment nos métiers contribuent à détruire notre planète. Avions, exploitation des animaux, croisières mal conçues, surconsommation d’eau, traitement des eaux et des déchets, exploitation des populations locales, importation, comportement des clients, …
Cas concrets
Ensuite, il serait judicieux d’appliquer ces exemples en montrant des cas concrets de destinations détruites environnementalement à cause, en grande partie du tourisme/ hôtellerie. Pour les évènementiels, cette partie ne toucherait pas les destinations, mais les lieux d’évènements, détruits à la fin de ceux-ci.
Comme exemple, nous pourrions exposer Zanzibar. La destination souffre du traitement des déchets des hôtels qui, par soucis d’économie, jettent tous leurs déchets dans la nature au lieu de les apporter dans les zones prévues.
Zanzibar est aussi victime de la surconsommation d’eau de la part des touristes, estimée à 15x plus élevée que celle d’un local. Ce phénomène vide les nappes phréatiques, et permet à l’eau de mer de rentrer dans les sols contaminant le reste d’eau douce. Les petits bars et restaurants jettent également leurs eaux usées dans la nature, qui s’écoulent directement dans la mer, attaquant toute la biodiversité marine.
A qui la faute ?
Ceci est malheureusement un exemple parmi tant d’autres, qui va permettre aux étudiants de comprendre que la faute ne vient pas seulement des touristes. Que beaucoup de professionnels du milieu n’ont guère d’éthique concernant la protection de leur environnement.
Il serait pertinent de peut-être commencer par exposer un grand nombre de situations, pour que l’étudiant se rende compte de l’ampleur du problème. Ensuite par contre, il serait mieux de n’étudier que quelques sujets, mais en profondeur, pour qu’ils comprennent tous les tenants et aboutissants de chaque situation.
Chercher des solutions
Enfin, nous devrions demander aux étudiants de reprendre chaque destination / lieu d’évènement vus précédemment, afin qu’ils proposent des solutions. Créer des travaux pratiques où ils exposeraient comment eux auraient fait, pour limiter leur impact environnemental sans être au détriment des budgets.
Pour cette partie, nous devrions commencer par aborder ce qui a déjà été mis en place par les différents secteurs. Ex : les écolabels européens, Sustainable Development Goals by 2030 de l’UNWTO, les plans d’actions verts de certains croisiéristes (« Protectours » – MSC ou encore « Ocean Lab » – Royal Caribbean), etc. Comparer les forces et les faiblesses de chacun, et demander aux élèves comment ils pourraient les améliorer.
Et enfin, pour conclure ce cours, nous devrions établir, avec les étudiants, quelles seraient les meilleures idées pour changer, révolutionner nos métiers. Les faire prendre part à la recherche, leur donner de l’importance. Leur montrer que leurs idées valent de l’or. Les diriger vers différentes pistes : les gestes au quotidien, l’éducation des clients, l’entraide entre différents prestataires, les relations avec les autorités et les populations locales, etc.
Merci d’y réfléchir, pour dire le moins…
Marc Dans avec Margaux Vancraywinkel
A lire ou relire :
Vision d’une étudiante d’aujourd’hui pour le tourisme de demain (1/2)