Vieux serpent de mer, en fait, dont le développement n’est entravé que par les craintes qu’il suscite quant à la cybersécurité. Le Covid a pourtant relancé l’intérêt d’un passeport numérique universel.
La Fondation Sovrin, dont SITA, aux côtés d’IBM et de Desert Financial Credit Union, est un des premiers contributeurs, cherche à transformer l’actuel système d’identité en ligne exposé aux abus et aux fraudes par la mise en place d’une identité souveraine numérique.
Une telle initiative pourrait permettre de réduire les coûts des transactions financières, de protéger les informations personnelles des voyageurs, de limiter les risques de piratage et de simplifier les problèmes d’identité dans divers domaines, notamment les voyages, les soins de santé, la banque et la fraude électorale.
SITA travaille avec les gouvernements, les compagnies aériennes et les aéroports pour mettre en avant les avantages d’un voyage en utilisant une identité numérique souveraine. Un projet inscrit dans les ambitions du programme ONE ID porté par IATA et sur lequel travaillent d’ores et déjà certains acteurs de l’industrie du voyage, comme Amadeus, qui veut apporter sa pierre à cet édifice, capable de réinventer l’expérience de voyage de bout en bout.
Sa plateforme Traveler ID souhaite connecter les voyageurs à l’ensemble de ses clients qui peuvent être des hôtels, des aéroports, des compagnies aériennes ou des loueurs de voitures, en s’appuyant sur un service de gestion de l’identité numérique, acteur gouvernemental ou privé comme Google ou Amazon. Il s’agit ici de simplifier l’identification du voyageur et de fluidifier l’enregistrement, l’embarquement, les contrôles de sécurité et jusqu’au check in à l’hôtel.
Et la blockchain ?
Certains acteurs voient dans la Blockchain un outil de stockage et de sécurisation des données biométriques. Ainsi, le gouvernement américain a déclaré vouloir exploiter la blockchain pour plus de sécurité à ses frontières. Les Etats-Unis ont déjà recours à des dispositifs biométriques, et le gouvernement américain souhaite renforcer l’efficacité de ses systèmes et voit dans le recours à la blockchain une piste intéressante. Mais malgré l’intérêt de cette solution, de nombreux obstacles subsistent à son déploiement. Les nombreuses expérimentations qui ont vu le jour dans le monde du voyage n’ont jusqu’ici débouché sur aucun standard exploitable par l’industrie.
SITA, pour sa part, continue à mener le débat sur l’adoption d’une identité souveraine dans l’industrie du voyage. La Fondation Sovrin constitue le forum idéal pour faire avancer ce programme, à la fois avec les autres membres de la Fondation Sovrin dans le domaine économique au sens large, mais aussi avec les principaux acteurs du secteur du transport aérien tel que l’IATA, l’OACI et le Conseil international des aéroports.
Embarquera-t-il nos données de santé ?
Une société israélienne, Pangea, spécialisée dans la transformation numérique des services gouvernementaux et commerciaux, est aux avant-postes des efforts visant à rouvrir les aéroports et à faciliter les voyages au sortir de la pandémie. Une ambition basée sur une plateforme qui permettra de relancer le Tourisme tout en protégeant les populations contre une résurgence du virus.
Carte à puce
Cette solution globale permettrait aux gouvernements d’émettre une carte à puce biométrique pour vérifier que son détenteur n’est pas porteur du virus ou qu’il est immunisé. Les cartes biométriques en question comporteront une photo du porteur, sa signature, une puce intelligente ainsi qu’un hologramme et des filigranes pour authentification.
Une carte biométrique faisant office de « passeport d’immunité » autorisant son détenteur d’entrer dans les terminaux des aéroports et les avions tout en éliminant la crainte de propager le virus à d’autres personnes.
Un protocole national
La société réfléchit au développement d’un protocole sanitaire national, visant à définir les tests et les processus médicaux requis pour pouvoir recevoir le document. Les résultats de ces tests seraient croisés par le système de Pangea avec des données telles que la ville et la région de résidence du demandeur de la carte, en corrélation avec la propagation du virus afin de calculer le risque d’exposition du voyageur.
Pangea doit également intégrer les différentes exigences d’isolement dans le pays dans lequel le détenteur de la carte veut se rendre ou dans son pays d’origine lorsqu’il reviendra de l’étranger.
Ce « passeport » d’immunité permettrait de créer des zones stériles où il n’y aurait aucun risque d’infection et où des milliers de personnes se sentiraient en sécurité pour mener toute activité sans crainte.
Vers un passeport médical complet
Si le dispositif s’avère concluant, Pangea envisage par la suite de transformer cette carte à puce COVID-19 en véritable « passeport médical » complet comportant toutes les informations médicales pertinentes de son titulaire ».
La société y voit une opportunité de créer un dossier médical numérique permettant à l’ensemble du réseau de prestataires de soins de santé, y compris les ambulances, les services d’urgence médicale, les services hospitaliers et autres organisations concernées, de consulter toutes les informations médicales du détenteur de la carte.
Aussi séduisante que soit l’idée, elle pose aussi de nombreuses questions quant aux failles possibles de cybersécurité. Et bien qu’un tel projet prenne des dizaines d’années avant d’être instauré à l’échelle globale, il questionne aussi sur la liberté de voyager.
À l’instar d’une banque, qui peut aujourd’hui refuser un crédit après avoir analysé l’état de santé de son client, un aéroport, une compagnie aérienne ou une destination pourrait demain refuser d’accueillir un voyageur en raison de son passeport médical…
[Source : Tom.travel]