Envahie chaque année par 30 millions de touristes, la Sérénissime et ses élus ont dévoilé un plan destiné à réguler le flux de ses visiteurs. A terme, il n’est pas exclu de payer pour accéder aux sites touristiques de la ville.
Selon le journal local Il Gazzettino, le maire de Venise prévoit un dispositif qui sera déployé en deux phases. Dans un premier temps sera mis en place un système pour comptabiliser le nombre de personnes présentes sur les sites les plus fréquentés de la ville. Les chiffres seront diffusés en direct sur les réseaux sociaux ainsi que sur le site de la ville pour dissuader les touristes de saturer des endroits déjà bondés.
Parallèlement, de nouvelles cartes touristiques seront distribuées aux visiteurs. Objectif : faire découvrir les circuits moins connus pour parcourir la ville et désengorger les lieux historiques fragilisés explique le journal.
Va-t-on devoir payer pour marcher sur la place Saint-Marc ? Malheureusement, la réponse est oui. La mairie de Venise travaille sur un système de tickets payants pour accéder aux sites majeurs. Interrogé, l’adjoint au tourisme du conseil municipal n’a pas précisé le prix du ticket. Toutefois, il s’est voulu rassurant … mais n’exclut pas implicitement d’appliquer pareille mesure. « Cette éventualité existe, mais pas pour tout de suite », explique-t-il au journal. On ne peut être plus clair…
Pression de l’Unesco
Il faut dire que la ville de Venise n’a pas trop le choix. L’an dernier, l’Unesco a lancé un ultimatum à la cité des Doges pour qu’elle prenne dès cette année des mesures concrètes pour protéger la ville de la surfréquentation touristique.Car il y a urgence selon l’organisme mondial…
Et si Venise n’agit pas très rapidement, la ville pourrait se retrouver sur la liste noire du patrimoine mondial en danger, aux côtés des sites antiques syriens menacés par les islamistes. Le tourisme aussi destructeur que le terrorisme ? D’une certaine manière, on peut dire oui…
En novembre dernier, les habitants avaient dénoncé l’explosion des prix de l’immobilier liés au tourisme. Car, faute de pouvoir trouver un logement abordable, ce sont environ 1.000 Vénitiens qui quittent leur ville chaque année. En quarante ans, la population locale a diminué de moitié… Les villes touristiques condamnées à devenir des villes-musée ?
Venise n’est pas la seule ville à vouloir réguler son tourisme. Depuis deux ans, deux jours par semaine, Barcelone interdit l’entrée de son fameux marché La Boqueria aux groupes de plus de 15 personnes. En Chine, la ville de Lijiang, au sud-ouest du pays, fait payer un peu plus de 8 € pour visiter le centre historique. A quand un « numerus closus » pour définir le nombre de touristes accueillis ?
C’est ça l’avenir du tourisme urbain ?