Vendre nos données personnelles aux GAFA, une fausse bonne idée ?

Le scandale Facebook a rappelé à nos concitoyens que le carburant des géants du numérique, ce sont nos données personnelles. Mais pourquoi les GAFA seraient-ils les seuls à gagner de l’argent avec nos données les plus intimes ?

En effet, à défaut de pétrole, les Facebook, Twitter, Amazon et autres Instagram carburent avec nos données les plus intimes. Facebook en a retiré 4,7 milliards de dollars, selon les chiffres du dernier trimestre, et 6,7 milliards pour Alphabet, la maison-mère de Google.

Mais il n’y a pas que les GAFA américaines (Google, Apple, Facebook, Amazon) qui dévorent nos données personnelles, c’est aussi le cas des BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). Au point que le député français Bruno Bonnell (LRM) et spécialiste de la matière a pu parler d’une « cyber-colonisation ». Et ce député d’ajouter: « ils récoltent les données – sans les acheter – pour ensuite les revendre à des fins publicitaires. Nous sommes dans la logique suivante: prête-moi ta montre, je te vendrai l’heure ».

Devenus précieux pour ces géants du Net, les revenus de ces données ne sont pas partagés avec ceux et celles qui les fournissent, vous et moi. Et donc, après des auteurs comme Jaron Lanier, un hebdomadaire comme The Economist, c’est au tour du think tank français « Génération Libre » de proposer de vendre nos données. Leur idée ? Comme chaque cyber-citoyen génère un revenu indirect auprès de ces géants du web, pourquoi ne pas récupérer une partie sous forme de micro-paiements pour l’exploitation de nos données ? Pas mal, comme idée, non ? Bref, on recevrait tout au long de l’année de petites sommes d’argent et qui en fin d’année peuvent être appréciables. Après tout, ce ne serait que justice: pourquoi les GAFA seraient-ils les seuls à gagner de l’argent avec nos données personnelles ?

Et cerise sur le gâteau, c’est le bon moment pour leur imposer ce remboursement: la confiance envers les GAFA n’a jamais été aussi basse qu’aujourd’hui après tous ces scandales en cascade. Même aux États-Unis, patrie du libéralisme et du laissez-faire, les politiques se posent la question de savoir si les Américains ne devraient pas aussi légiférer, comme en Europe, sur la protection de nos données.

« Légiférer est une chose, autoriser les citoyens à vendre leurs données personnelles en est une autre… »

Mais légiférer est une chose, autoriser les citoyens à vendre leurs données est une autre chose. D’abord, cela voudrait dire que nos données personnelles sont des marchandises. Interrogés par mes confrères du Monde, plusieurs juristes trouvent cela inacceptable. Motif ? Nos données ne seraient qu’une excroissance immatérielle de nous-mêmes. Bref, comment peut-on se vendre soi-même ?

Et puis, nos données personnelles sont paradoxalement aussi collectives, selon d’autres sources (La Tribune). En effet, lorsque nous procédons à un « like » ou à un partage de photos entre amis, nos données personnelles deviennent de facto collectives. Comment les vendre dans ces cas-là ? De même, si vous envoyez un email à trois personnes, la question sera aussi d’actualité: l’email appartient-il à l’émetteur, au destinataire principal, aux destinataires en copie ou au service de messagerie ?

Et puis, comme le fait remarquer Le Monde, ce projet de vente des données porte en lui les germes d’une discrimination entre ceux qui sont prêts à (ou peuvent) payer pour ne pas partager leurs données, et ceux qui n’auront pas d’autre choix que de le faire. Autrement dit, vendre ses données est une fausse belle idée. Plus simple à évoquer que de l’appliquer.

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