Vaccination: les politiques ont peur de ceux qui ont peur

Personne n’en doute aujourd’hui, la crise du covid-19, c’est une crise sanitaire, économique et sociale. La campagne de vaccination ne change pas la donne. Plus vite on vaccinera la population et plus vite l’impact sanitaire, économique et social sera réduit.

En Belgique, il n’y a qu’à lire les médias pour voir que beaucoup de restaurateurs ou de coiffeurs, par exemple, sont en train de demander à leurs collègues d’ouvrir leurs établissements respectifs de force au mois de février, histoire de ne pas mourir guéris.

Et donc, la course contre la montre pour vacciner la population consentante est plus que jamais d’actualité. J’avais posé la question il y a quelques jours au Premier ministre, à l’occasion de la remise du prix du Manager de l’Année du magazine Trends-Tendances que j’ai l’honneur de diriger.

J’avais demandé à Alexandre De Croo pourquoi il ne se mettait pas face caméra pour se faire injecter le vaccin, l’idée est de rassurer les hésitants et donc de donner un coup de fouet à la campagne de vaccination. Il m’a répondu, légèrement irrité, que ce n’était pas auprès de lui qu’il faut prendre conseil, mais auprès des médecins et des scientifiques.

En conclusion, oui, il a botté en touche, faut-il l’en blâmer ? Non, car les politiques ne le diront pas, mais ils ont peur d’une responsabilité pénale. Ils ont peur qu’en cas de dérapage quelconque, un collectif de citoyens ne les traduise en justice.

C’est loin d’être virtuel comme menace. Chez nos voisins Français, le quotidien Le Monde avait recensé fin décembre 150 plaintes devant la cour de Justice de la République contre des politiques, dont l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe.

Et donc, oui, les économistes auront beau dire qu’il faut vacciner au plus vite, pour diminuer le nombre de morts et de chômeurs, les politiques n’iront pas plus vite que la musique car, en résumé, ils ont peur de ceux qui ont peur.

Maintenant, mettons-nous à leur place, être politique de nos jours, n’est pas une sinécure : les citoyens du point de vue des politiques sont ingérables (1). D’abord, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. On demande aux politiques d’agir, mais quand ils le font, nous bloquons les rues dès qu’on esquisse une réforme.

Nous voulons de l’ordre, mais nous hurlons au premier coup de matraque, nous demandons la vérité et la fin de la langue de bois, mais dès que c’est le cas, la petite phrase tourne en boucle sur les réseaux sociaux.

Nous ne voulons pas être infantilisés, mais dès qu’un politique parle sérieusement, on dit de lui que c’est un comptable et qu’il est ennuyeux. Nous demandons de la nuance, mais nous adorons les avis tranchés.

Nous demandons du recul, mais nous préférons en réalité l’immédiateté et nous exigeons des efforts, mais seulement pour les autres. C’est bizarre de nous regarder du point de vue des politiques, mais ont-ils torts sur toute la ligne ? Je vous laisse le choix de la réponse.

(1) Psychologie de la connerie en politique, aux éditions sciences humaines

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