C’est le désordre le plus complet pour la campagne de vaccination ! Non seulement en Belgique, mais également en Europe… Et si notre vieux continent affichait une solidarité sans faille pour acheter de manière groupée les vaccins anti-covid, aujourd’hui, cette belle unité de façade se lézarde, jour après jour, à cause des retards pris pour la livraison des vaccins.
Il y a même une sorte de sentiment de panique au sein de certains gouvernements qui veulent montrer à leur population qu’ils font tout ce qui est possible pour récupérer des vaccins, comme le constatent mes confrères des Echos.
C’est ce qui a poussé des pays comme la Hongrie à se fournir chez les Russes, les Tchèques sont eux aussi en train de discuter avec les Russes pour disposer de leur vaccin Sputnik. Quant aux Danois et Autrichiens, ils ont pris contact avec Israël.
Pour l’image d’unité de l’Europe, ce n’est pas terrible… Même si les diplomates européens essaient de minimiser ces coups de canif dans la solidarité en disant que ces pays représentent à peine de 10% de la population de l’Union européenne.
Quant à Londres, c’est la jubilation : leur stratégie semble plus efficace que celle de l’Union européenne, qu’ils viennent de quitter lors du Brexit. Vingt-et-un millions de Britanniques ont déjà reçu une première dose.
Sans le dire aussi crument, les Britanniques estiment qu’en retrouvant leur indépendance, ils évitent les procédures chronophages européennes qui ralentissent la vaccination. Au départ, leur rapidité leur avait valu des critiques de l’Europe et notamment de la France, et aujourd’hui, c’est la stratégie de Londres qui semble avoir été la bonne.
Pour autant, cette course aux vaccins ne doit pas faire oublier un constat : personne, ni aucun pays, ne sera à l’abri de ce virus si le monde entier n’est pas vacciné. Aujourd’hui encore 130 pays n’ont pas administré une seule dose pour la simple raison que dix pays concentrent 75% de toutes les vaccinations mondiales contre le covid-19.
Au-delà de la morale, les pays occidentaux doivent aider financièrement les pays les plus pauvres, sauf s’ils veulent vivre dans une forteresse. N’oublions pas qu’avec le retour des voyages et des vacances, l’un des dangers pourrait être l’importation de nouveaux variants, qui pourraient résister aux vaccins existants et relancer ainsi le cycle d’infection : hospitalisation, décès et donc confinement.
En fait, c’est de l’intérêt de nos économies occidentales d’aider ces pays qui n’ont pas les moyens financiers de faire vacciner leur population. Autrement dit, l’égoïsme national n’a pas de sens sur le plan économique, car personne, comme le rappelle l’économiste américano-égyptien Mohamed El Arian dans Les Echos, n’a envie de « vivre avec des perturbations virales ou de vivre dans un bunker ou les deux ».
N’oublions pas le proverbe persan : qui mange seul s’étrangle !