L’Ile-de-France est devenue le principal foyer national de l’épidémie et Paris, la ville la plus endeuillée. Ce qui n’est pas sans rappeler l’épidémie de choléra qui avait atteint Paris en 1832, y causant plus de 20.000 morts…
La « Ville Lumière » a longtemps souffert de sa réputation de ville sale, bien qu’elle n’eût rien à envier à Londres et à la plupart des grandes métropoles du monde. Mais aujourd’hui, au-delà des mesures immédiates, un nouveau souci de l’hygiène pourrait remodeler durablement la ville.
Les Parisiens pourraient ainsi être amenés pour longtemps à porter des masques dans les transports en commun et l’espace public, comme dans les mégapoles d’Asie. De même, les distributeurs de gel, installés en urgence dans les rues et les stations de métro, ont de fortes chances d’y rester.
Le vélo en réponse
Mais surtout, l’« urbanisme tactique » mis en place pour la sortie du confinement pourrait également être pérennisé. Les modes doux de transport, notamment le vélo, apparaissent, pour ceux qui peuvent l’utiliser, comme l’une des réponses les plus efficaces — sauf à Montmartre et la montagne Sainte Geneviève (ndlr).
Certaines métropoles françaises s’y sont déjà engagées, comme Nantes, Lyon ou Bordeaux. A Paris, par exemple, il n’est pas impossible que la rue de Rivoli, axe majeur qui traverse la capitale, soit réservée aux bus, aux taxis et aux vélos, et désormais fermée aux voitures.
Réduire l’usage de la voiture, certes, mais aussi les déplacements dans des transports en commun, trop propices à la propagation des maladies. La solution ? Rapprocher emplois et habitat dans la ville.
A Paris, cela pourrait amener à transformer en logements des tours de la Défense, et en installant symétriquement des bureaux dans les quartiers de l’est. En matière d’urbanisme aussi, cette épidémie pourrait donc rebattre les cartes.
Et les bistros ?
Il n’y a guère de lieux parisiens accueillant du public qui correspondent aux nouvelles règles, reconnaît-on, comme ces boutiques assez étroites au pied des immeubles haussmanniens, et un grand nombre de cafés et de restaurants : « S’il faut 1,20 m entre chaque table, les deux tiers des bistros parisiens ne résisteront pas à la crise », estiment la plupart des économistes..
Paris, ville-musée ?
Mais restera-t-il encore beaucoup de Parisiens ? De 2,9 millions d’habitants en 1920, la population intra-muros est tombée à 2,2 millions un siècle plus tard. Dès l’arrivée de l’épidémie, plus d’un million de Franciliens ont quitté la région parisienne en une semaine, dont près d’un quart de Parisiens !
Question : quelle part de ces Parisiens ne sera pas tentée de s’installer en province ? Avec les possibilités offertes par le télétravail, d’excellentes liaisons TGV avec des villes aussi agréables que Tours, par exemple, et des prix immobiliers qui ont dépassé en moyenne les 10.000 euros le mètre carré, la tentation semble être grande, aujourd’hui, de délaisser la capitale pour une autre qualité de vie.
Paris se limiterait alors à n’être plus qu’une ville-musée, ouverte aux touristes quand ils pourront revenir… et aux Parisiens eux-mêmes, qui viendront la redécouvrir le week-end.