Ce que je vais écrire ne va forcément pas plaire à tout le monde. Tant pis, je l’assume. Cela fait des années, sans bien savoir pourquoi et sans vrais arguments, que j’ai une certaine réticence, pour ne pas dire une allergie, à l’expression « mouvement citoyen ». Et voilà que la crise du coronavirus me donne les arguments qui me manquaient.
Mon allergie de départ, ayant vécu toute ma carrière dans le tourisme, concernait tout d’abord ces plateformes si pratiques que sont Uber ou Airbnb. Que l’on parle d’outils de réservation ne me dérange évidemment pas. C’est autre chose quand on me dit que c’est de la « nouvelle économie citoyenne ». Comme si c’était citoyen d’éluder l’impôt…
Je ne suis pas un naïf : si depuis l’Administration a commencé à y mettre de l’ordre, ces plateformes n’avaient au départ qu’un but : mettre en relation directe un vendeur et un acheteur, sans passer par la case « facture » et TVA, notamment. Économie au noir, tout simplement.
Et si aucun d’entre nous n’aime payer des taxes, nous sommes aussi tous exigeants en matière de soins de santé, d’enseignement, d’infrastructures, etc., tous domaines qui nécessitent de l’argent public, provenant de nos taxes.
« Mouvement citoyen » ou « hystérie collective » ?
Et puis voilà qu’apparaît le coronavirus, et avec lui ce désastreux « mouvement citoyen » qui consiste à répandre l’inquiétude sur les réseaux sociaux. Tout le monde s’érige en spécialiste de la question, tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui…
Et l’économie mondiale s’arrête, ou presque, sous un régime de la terreur propagée par des centaines de « fake news », ou par des nouvelles qui sont correctes, mais absolument mises hors contexte, hors des justes proportions.
On a connu déjà cela cet été, avec les feux du bush en Australie, et dont chaque site prenait sur la carte une large part du territoire, donnant l’impression que cet immense pays était entièrement sous les flammes.
Le mouvement pousse les citoyens à acheter des pâtes ou du sucre dans les magasins, comme pendant la guerre ! Le mouvement citoyen agresse de braves asiatiques (sont-ils seulement « chinois » ?) par pur réflexe raciste ! (Ce sont bien des « citoyens » qui agressent, non ?)
Bienvenue en « crétinocratie »
Le mouvement citoyen se rue sur les masques et sur les gels pour les mains. Le mouvement citoyen ne parle plus que de cela, on ferme des écoles par citoyenneté, on ne bouge plus, et vous allez voir l’explosion du nombre des faillites, avec les énormes pertes d’emplois qui vont suivre. Tout ça parce que des « citoyens » prennent la place des spécialistes, en savent plus qu’eux, et véhiculent la terreur.
La démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques, on ne peut en disconvenir. Mais nous ne sommes plus en démocratie depuis longtemps : au plan politique, nous sommes en particratie, et grâce aux réseaux sociaux nous sommes en crétinocratie, puisque n’importe quel « citoyen », en toute bonne foi, prend la parole pour dire n’importe quoi et son contraire, et surtout trouve une tribune gigantesque pour la diffuser.
Ceci dit, il faut évidemment arrêter au plus vite la propagation du virus. Prenons chacun les précautions utiles en tout temps d’épidémie. Des gestes simples, les mêmes que pour toute grippe ou autre maladie infectieuse. Mais arrêtons cette hystérie collective : elle n’est en rien « citoyenne » ! C’est une grippe, et elle va hélas coûter très, très cher.