On sait en Belgique à quel point quelques intégristes de l’AFSCA ont eu plaisir à faire gonfler leurs muscles auprès de certains restaurateurs et artisans de bouche, sous couvert bien sûr de protéger le bon peuple des microbes et bactéries qui faisaient naguère périr nos aïeux par milliers.
L’histoire ici se passe en France, mais elle témoigne d’une autre forme d’intégrisme non plus alimentaire mais social. Elle se passe à Dijon, exactement le 1er Mai 2018, et est relatée par l’excellent journal L’Hôtellerie/Restauration du 13 Décembre dernier.
Or donc, une fonctionnaire de l’Inspection du Travail se présente dans quelques restaurants de la ville, capitale de la région très touristique de Bourgogne, en ce premier mai, évidemment à l’heure du service, pour que tout le monde puisse admirer l’effet de puissance irrépressible produit par la dite fonctionnaire.
En République d’Ubu…
Elle s’enquiert de la raison pour laquelle le restaurant est ouvert. Le patron répond qu’il a 70 réservations qu’il doit bien honorer, et que d’ailleurs son restaurant est ouvert 7/7 jours et 365 jours par an. Mais, cher monsieur, c’est la fête du travail, et par conséquent vous ne pouvez pas travailler par solidarité avec les camarades… !
Le restaurateur argumente qu’il faut bien nourrir les touristes de passage, et que ses salariés allaient récupérer cette journée et en plus être payés double.
« L’administration pratique le droit positif » (sic)
La fonctionnaire rétorque que lui, le patron, a le droit de travailler, mais pas ses salariés ; il était donc sommé soit de fermer sur le champ, soit de payer une amande de 750€ par salarié (X 17, dans son cas, = 12.750€ !!! .
Pourtant, précise le restaurateur, la Convention collective prévoit la possibilité de travailler le 1er mai.
Interrogée, la section locale de l’Inspection du Travail a précisé que « L’administration pratique le droit positif (sic) et demande aux restaurateurs de justifier le caractère impératif de leur activité le 1er mai. »
Les restaurateurs argumentent qu’ils « participent à la continuité de la vie sociale », qui plus est dans une région très touristique. « Mais ce n’est pas inscrit dans la loi. Or l’Inspection du Travail applique la loi et pas ses interprétations ». Il est dommage qu’aucun des restaurateurs n’ait songé à demander à la fonctionnaire de quel droit elle-même travaillait en ce jour sacré du chômage forcé…
En France, le 1er mai, c’est sacré
Est-ce qu’on peut réellement croire qu’à notre époque, alors même qu’on parle d’autoriser les commerces à ouvrir le dimanche, on en soit encore à un pareil combat social primaire ?
Le touriste de passage n’a donc plus la possibilité de se restaurer, ce qui reviendrait à dire que le 1er mai, tout le monde doit rester chez soi, que toute l’économie doit s’arrêter, que le tourisme n’a pas le droit d’exister même durant un jour de congé, sous prétexte d’une solidarité syndicale complètement dépassée, absurde, et très dommageable pour le tourisme.
En conclusion, et en espérant que de telles dérives n’arrivent jamais chez nous, on peut se dire que nous supporterons encore quelques outrances intégristes de l’AFSCA : il y a pire à nos portes !