Parce que la Wallonie souffre d’un fort déficit en matière de réservations en ligne, le ministre wallon du Tourisme, René Collin, a décidé de prendre le problème à bras le corps. D’ici la fin de l’année, un appel d’offres sera lancé pour désigner l’opérateur chargé de concevoir une plateforme qui devrait entrer en service dès 2019.
Cette fois, c’est une étude commandée par le ministre au cabinet Raffour qui montre, chiffres à l’appui, que les trois quarts de l’offre hôtelière wallonne ne s’inscrivent pas « dans un processus de réservation en ligne adéquat ».
Pire : 41 p.c. des hôtels wallons ne sont tout simplement pas du tout réservables en ligne. On se demande d’ailleurs ce qui les en empêche : Booking, pour ne citer que lui, propose déjà non seulement des hôtels, mais des chambres d’hôte, des B&B, des appartements, des villas, des séjours à la ferme et même des campings.
Car près de la moitié des prestataires en ligne passe par des plateformes de réservation internationales, dont certaines prélèvent jusqu’à 25%, voire plus, de commissions sur le montant de la réservation. En réalité, ces taux de com’, franchement abusifs il est vrai, concernent surtout les grandes villes, comme Londres, où la demande est très forte.
Une vieille idée
Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’est évoquée la difficulté de réserver un hôtel en Wallonie.
Il y a des années, l’Office de Promotion du Tourisme a investi en pure perte des millions de francs belges dans le développement d’un système de réservation qui n’a jamais vraiment fonctionné.
La base de données Pivot, développée au long de plusieurs années par le Commissariat général au Tourisme de Wallonie, est un outil complet et séduisant, mais qui ne permet pas la réservation en ligne.
Alors, on recommence ?
« L’idée, explique le ministre, n’est pas de s’attaquer à ces plateformes internationales, mais de donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de passer par un système moins cher et mieux adapté. Une offre qui n’est pas réservable en ligne, ce sont des parts de marché en moins », constate encore le ministre, qui s’engage limiter à 5% la commission que devront payer les hôteliers.
C’est pas gagné…
Tout de même, un moteur de réservation en ligne dédié à la Wallonie, disons-le tout de suite, c’est pas gagné…
D’abord, quand on connaît le temps de réponse de l’Administration, on a quelques doutes sur sa capacité à sortir un cahier des charges d’ici la fin de l’année.
Ensuite, espérer disposer d’une plateforme opérationnelle d’ici un an, c’est négliger qu’un « moteur » de ce genre ne se développe pas en quelques jours. Et quand bien même ce serait le cas, cette plateforme devrait encore se faire connaître auprès des utilisateurs de Google, principalement, chez qui les OTAs dépensent chaque année des milliards de dollars en référencement.
Enfin, dernier aspect à ne pas négliger : 2019 sera une année électorale, et les « responsables », à tous les niveaux, auront sans doute chats à fouetter.