Uber, la société de transport risque de disparaître d’ici 3 ou 5 ans si elle n’augmente pas ses prix. C’est, du moins, ce qu’affirment certains experts.
Tout ce qui monte doit descendre un jour. L’adage vaut certainement pour les actions cotées en Bourse, mais les investisseurs dans des start-up « prometteuses » le savent également. Comme le faisait remarquer Steven Hill, auteur d’un des premiers ouvrages critiques sur l’économique collaborative, le grand public perd souvent de vue que même dans la Silicon Valley, 7 start-up sur 10 font faillite et 9 sur 10 ne dégagent jamais de profits.
Les déboires récents d’Uber nous rappellent que cette plateforme qui met en contact des clients avec des chauffeurs n’est pas éternelle. Elle risque même de disparaître d’ici 5 ans si elle ne double pas ses prix, estime Steven Hill. Vu comme cela, la phrase peut choquer. En effet, à lire la presse économique, on a surtout l’impression qu’Uber – le cauchemar des taxis du monde entier – a surtout des problèmes de gestion des ressources humaines (harcèlement et sexisme). Les médias ont largement commenté le fait que le fondateur d’Uber, le très provoquant Travis Kalanick avait été prié de faire un pas de côté et de laisser quelqu’un d’autre gérer la société à sa place.
Limogé pour ses frasques… ou pour sa gestion ?
Tout cela est vrai, mais les médias semblaient surtout accréditer la thèse que si le patron d’Uber a été limogé, c’est d’abord à cause de ses frasques. En réalité, pas du tout, ses frasques, il les faisait depuis le premier jour et n’a pas changé depuis lors selon Steven Hill. Non, ce qui lui a coûté son poste, c’est que son conseil d’administration s’est rendu compte qu’il n’avait pas la moindre idée de comment rendre profitable Uber !
Eh oui, jusqu’ici Uber s’est révélé être un véritable gouffre financier, avec des pertes de plusieurs milliards de dollars au compteur. L’ancien patron d’Uber a bien essayé de diversifier les revenus de sa société, en faisant par exemple livrer des repas avec ses chauffeurs via son système d’Uber Eats, mais sur ce segment, il est non seulement difficile de gagner de l’argent, mais en plus, la concurrence est rude.
Travis Kalanick, l’ancien patron d’Uber a aussi essayé de gagner de l’argent en Chine, mais il s’est fait éjecter du marché. Il a également essayé de caser plus de personnes dans ses voitures, avec le système d’Uber Pool, mais ce système n’a pas plu aux consommateurs, ni d’ailleurs aux chauffeurs.
En réalité, le gros souci d’Uber, c’est que sa technologie n’a rien d’extraordinaire et peut être facilement dupliquée par des concurrents. Autrement dit, Uber est vulnérable et sa survie dépend donc d’une seule chose : empêcher les concurrents d’exister. Et pour cause, si un concurrent arrive, la seule défense possible se fera sur le prix, ce qui n’est pas l’idéal, car c’est la marge des chauffeurs qui trinque en premier, et si les chauffeurs s’en vont ailleurs, c’est la fin du business. Point barre.
Uber, une bulle comme le Bitcoin ?
Et puis, l’autre souci, c’est que même dans un pays comme les Etats-Unis (où Uber occupe 85% de part de marché), cette plateforme n’arrive pas encore à gagner de l’argent, c’est donc que le système est vicié à la base. Par ailleurs, dans les autres pays, Uber est attaqué par les autorités locales, comme c’est le cas à Londres où sa licence lui a été retirée. Et je n’évoque même pas les procès que lui intentent des chauffeurs qui veulent être reconnus comme salariés.
A l’heure d’écrire ces lignes, Uber avait déjà perdu 3 milliards de dollars en 2016 et 2017 se soldera avec de nouvelles pertes. Résultat ? Sauf à doubler ses prix, Uber risque de ne jamais être rentable et de disparaître dans 3 à 5 ans, selon Steven Hill. Bien entendu, de son côté Uber jure que non et espère encore devenir rentable. Quand ? Le jour où les voitures autonomes seront sur nos routes, car à ce moment-là il ne faudra plus payer des chauffeurs et la marge d’Uber reprendra des couleurs.
La vision est juste, sauf pour le timing. La raison ? Les voitures autonomes ne circuleront pas en ville avant 2025 (au plus tôt) et des experts comme Steen Hill imaginent difficilement que les investisseurs qui sont derrière Uber accepteront de brûler leur argent jusqu’en 2025. Si c’est le cas, l’épisode Uber sera considéré comme une bulle, comme sans doute le Bitcoin.