Tunisair lance une nouvelle action de promotion tarifaire intitulée « hiver 2017 », couvrant 16 pays, dont la France et le Benelux, au moment où la compagnie nationale tunisienne a enregistré un résultat net déficitaire de près de 20 millions de TND (dinar tunisien), soit plus de huit millions d’euros. Conséquence : l’action de la compagnie aérienne a rapidement chuté à la bourse de Tunis après cette annonce du mois de janvier. Depuis le 30 décembre, c’est un militaire, le Colonel Elyes Mnakbi qui en est le PDG.
Un militaire pour la gestion ?
Évidemment, la conjoncture économique mondiale et le problème d’image dont souffre la Tunisie expliquent en partie ce mauvais bilan. En difficulté depuis la révolution de Jasmin de 2011, Tunisair souffre néanmoins de problèmes structurels qui continuent à peser depuis des années. En 2012 déjà, à raison de 8.500 salariés et 30 appareils (alors en moyenne âgés de 15 ans), on comptait une moyenne de 230 agents par avion, soit le double de ce qui se fait chez les compagnies comparables.
La réputation de la compagnie, mais aussi de son personnel, continue de baisser ces dernières années. Les consultants dénoncent, au même titre que les passagers, l’incompétence et l’indifférence d’une grande partie du personnel. Ces problèmes expliquent sans doute la désignation d’un militaire pour « redresser la barre ». Après tout, c’est une tentative comme une autre …
A l’instar de nombreuses autres compagnies nationales, le véritable problème de Tunisair est de ne pas avoir su s’adapter aux mutations de l’économie à cause des privilèges dont elle bénéficie. Comme la plupart des entreprises publiques, elle a profité de sa position (quasi) monopolistique pendant des années, sans avoir à se soucier d’être productive. Grâce à l’intervention de l’État, elle pouvait s’affranchir des résultats économiques et continuer à la fois de satisfaire ses passagers et garantir l’emploi tout en augmentant les salaires. La révolution a mis à mal ce non-sens économique et la compagnie doit désormais se résoudre à une gestion plus rationnelle.
Open Sky mis en cause
Des voix s’élèvent pour dénoncer les conventions internationales, comme « Open Sky », qui vise à « libéraliser » les espaces aériens commerciaux et dont l’application graduelle est entamée depuis 2014. Évidemment, cela place encore plus Tunisair dans la concurrence mondialisée, rendant donc plus difficile le maintien de ses privilèges.
La complexe attribution des droits de trafic, qui ne sont pas négociés directement par les compagnies aériennes mais bien entre les États, par des accords bilatéraux, privilégient toujours l’une ou l’autre compagnie. Ces derniers fixent le nombre de vols autorisés par semaine pour les compagnies de chaque pays, les vols étant ensuite répartis entre les concurrents. C’est un mécanisme long et coûteux, où les compagnies tentent souvent de bloquer la concurrence. De plus, les États limitent l’implantation de compagnies étrangères en dehors des hubs des compagnies nationales, pour leur éviter de perdre des parts de marché dans des régions où elles sont moins présentes.
Au final, cela protège surtout les compagnies du Golfe comme Emirates et Qatar Airways, qui bénéficient aussi d’avantages de la part de leur État (pétrole moins cher, taxes nulles, subventions) et peuvent se permettre d’affronter l’administration (en particulier fiscale). En limitant l’implantation de ces compagnies dans certaines villes, les États leur créent des situations de monopoles pour certains marchés.
L’erreur du gouvernement provisoire tunisien a été, fin 2013, de céder aux instances du Qatar en octroyant à Qatar Airways le privilège d’exploiter l’espace aérien tunisien, à seulement une semaine de l’ouverture officielle des négociations à Bruxelles.
Libérer le ciel
En signant ces accords « Open Sky », les pays laissent libre la création de routes entre les deux parties signataires du traité. Le Maroc a signé cet accord avec l’Europe, et si Royal Air Maroc a souffert de la concurrence des compagnies low cost au début, la compagnie marocaine a finit par se restructurer et améliorer son offre, et gagne aujourd’hui de l’argent. Autre conséquence de l’accord : quatre fois plus de lignes aériennes et une augmentation de 160% de passagers, tout en favorisant le commerce entre le Maroc et l’Union Européenne.
Pour ce qui est de la Tunisie, l’accord ne concernerait a priori pas l’aéroport de Tunis, toujours afin de protéger Tunisair. Ce n’est pas rendre service à cette compagnie que de continuer à la « biberonner » quand on constate les difficultés structurelles dont elle souffre. Ce traité contribuerait pourtant à redynamiser le tourisme en Tunisie. L’étape suivante sera de lever les avis défavorables des Ministères des Affaires étrangères de certains pays européens comme la Belgique …
Bonjour,
Je suis presque né dans un avion Tunisair, alors lire que la compagnie est au bord de la faillite me fait tourner le cœur.
Lire que le service laisse à désirer, ne m’étonne pas, car c’est le cas dans de nombreuses compagnies, mais toujours pour les mêmes clients !
En ce qui me concerne le service est plus que satisfaisant et certainement meilleur que de nombreuses compagnies dans lesquelles on vous accueille comme du bétail avec une langue comprise que par 50 % de l’avion.
Tunisair souffre à ce jour de son lourd passé, nombre d’emplois pharaoniques et manque de rentabilité et cela comme énormément de sociétés paraétatiques, mais n’oublions pas que Tunisair a énormément contribué au développement de la Tunisie.
L’open sky est loin d’être la solution, car les infrastructures internes du pays ne sont pas prêtes.
La première étape, pour aider le pays serait de réévaluer l’avis défavorable du ministère des affaires étrangères. Il faut savoir que d’autres destinations ont malheureusement subit des actes de barbaries atroces et n’ont pas d’avis négatif …