Plusieurs vols ont été annulés par Tunisair la semaine dernière, déclenchant la colère des passagers mis devant le fait accompli en dernière minute. Il semble bien que la compagnie à la gazelle rouge, présidée par Elyes Mnakbi, ancien colonel de l’armée de l’air, soit délaissée par le gouvernement de Tunisie. En cause le manque de moyens financiers à disposition, le manque d’ambition à long termes qui se traduit par un manque cruel d’investissement de l’État dans l’entreprise publique.
La compagnie aérienne nationale Tunisair a informé, dans un communiqué publié dimanche 27 octobre 2019, qu’en raison des problèmes techniques et du mauvais temps, plusieurs vols prévus ont été retardés pendant plusieurs heures ou carrément annulés. Le mauvais temps certes mais également le climat délétère qui règne depuis des mois au sein de l’entreprise.
De l’argent, vite
Le PDG de la compagnie aérienne nationale cherche à recapitaliser Tunisair, en grande difficulté financière, d’ici à la fin de l’année avec en ligne de mire, la mise en œuvre de l’Open Sky qui doit rebattre en profondeur les cartes du ciel tunisien.
Comme on pouvait s’y attendre, rien de ce qui a été promis par le Gouvernement au mois de juin dernier pour sauver Tunisair n’a été honoré. Les problèmes redoublent de gravité et d’intensité. Les retards et les annulations reviennent d’actualité malgré la réduction drastique du plan de vol.
Depuis juin dernier, 172 000 sièges ont été annulés, pas moins de 200 vols par mois supprimés. Une action faite pour en finir avec les retards et qui s’est poursuit jusqu’à fin septembre mais que la compagnie est obligée de continuer faute d’avoir reçu les avions attendus en renfort.
« La flotte est diminuée et fatiguée. Les hommes aussi » constate dépité un professionnel tunisien du tourisme.
D’énormes problèmes techniques
Les 4 réacteurs des avions de Tunisair sont toujours en réparation au Canada.
17 machines sur 28 sont en service et dès qu’un avion manque d’une quelconque petite pièce, la machine est immobilisée sans que la compagnie puisse engager un avion de rechange. Les passagers sont systématiquement mis devant le fait accompli et contraints de subir l’insupportable.
La promesse du 20 mai dernier d’une aide financière, sous forme d’une caution de 40 MTND pour permettre à la compagnie de réparer ses 10 avions en panne et de louer 4 avions ponctuellement pour permettre à la compagnie d’assurer son programme d’été malgré sa réduction, n’a pas été honorée.
Au final aucune aide financière n’a été donnée au cours de l’été et un seul avion a été loué pour l’été.
Aujourd’hui dix avions sur 28 sont cloués au sol, la compagnie n’a pas les ressources pour remplacer les pièces manquantes et les moteurs, elle a du mal à honorer ses dettes et ses factures.
La valse hésitation du gouvernement
Le 23 octobre dernier le nouveau président de la république tunisienne a prêté serment. Les élections législatives dans la foulée n’ont pas permis de lui trouver une majorité pour construire une politique solide. Seuls les ministres de l’armée et des affaires étrangères ont pour l’instant été limogés.
« On est toujours malheureusement dans un attentisme stérile » constatent amers les professionnels du tourisme tunisien, un attentisme qui porte préjudice à Tunisair évidemment.