La baguette, les bouquinistes ou les bistrots parisiens ? Ils sont tous trois candidats au patrimoine immatériel de l’Unesco de l’Unesco, mais il ne peut y avoir qu’un seul élu à la fois, et la France ne peut poser qu’une seule candidature tous les deux ans… Dilemme !
Plus que centenaires, les bouquinistes et les bistrots, lieux de vie populaires, sont victimes de l’évolution des modes de vie et craignent pour leur avenir avec le déclin des ventes… Le métier de bouquiniste, qui existe depuis le XVIIIe siècle, regroupe quelque 230 libraires sur 3 kilomètres de quai le long de la Seine. Ils sont choisis sur dossier par une commission de la Ville de Paris et jouissent gratuitement des célèbres « boîtes » vertes pour une durée indéterminée.
Le dossier pour une reconnaissance mondiale a été monté en juin 2018. Le ministère de la Culture a donné fin février son feu vert pour inclure « les traditions et savoir-faire des bouquinistes de quais de Paris » à l’inventaire national, un préalable indispensable pour déposer ensuite une candidature à l’Unesco.
Les bistrots souffrent…
Soutenus par la Ville de Paris, qui a décerné fin janvier la médaille de la Ville aux gérants et patrons d’une centaine d’établissements, les bistrots sont environ 1.200 dans la capitale et emploient entre 3.500 à 4.000 salariés selon l’Association pour l’inscription des bistrots et terrasses de Paris au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Créés dans les années 1850 pour la population ouvrière, ils étaient (et restent) souvent tenus par des Aveyronnais, des Corréziens, des Auvergnats. A la différence des restaurants, ils sont ouverts quasi toute la journée, on peut y manger au comptoir, et la restauration est continue à des tarifs abordables.
Mais si les bistrots représentaient 30 % de la restauration parisienne il y a trente ans, ils ne sont plus que 14 % aujourd’hui : avec moins de temps consacré au déjeuner, la concurrence des sandwicheries et livraisons à domicile, et la hausse des loyers dans la capitale, les bistrots souffrent des changements d’habitude.
Le dossier de candidature sera déposé fin mai au ministère de la Culture.
La boulange marche à la baguette
Entre-temps, la baguette de pain, soutenue par la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française (CNPBF), a un soutien de poids en la personne du président de la République.
On se rappellera que la meilleure baguette parisienne est élue chaque année et que l’heureux boulanger qui en est l’auteur a l’honneur de fournir l’Elysée durant un an. Début janvier, Emmanuel Macron a annoncé officiellement son soutien au dossier. Les bouquinistes et les bistrots devront sans doute attendre leur tour, dans deux ans et dans quatre ans.
[Source : Les Echos]