Mégalopole de plus de 14 millions d’habitants, Istanbul a besoin de transports en commun efficaces. Pari réussi. De l’étendue du réseau couvert à la fréquence des véhicules en passant par la ponctualité des bateaux, il n’y a pas grand-chose à redire. Le système des transports en commun constitue plutôt un exemple à suivre pour les autres villes touristiques.
Simplicité
En Belgique, il faut souvent passer par des longues files d’attente et remplir trois pages de formulaires pour obtenir une carte d’abonnement qu’on se verra délivrée après plusieurs jours (voire semaines) de patience. A Istanbul, les cartes électroniques qui donnent accès aux transports en commun ne sont pas nominatives – sauf lorsqu’on fait une demande de carte à tarif réduit (en tant qu’étudiant par exemple). Il suffit d’en acheter une dans un des petits kiosques à proximité d’une station et de décider de la somme à déposer dessus. Un système de recharge bien plus simple et avantageux que lorsqu’on se voit contraint d’acheter plusieurs tickets au prix fort en Belgique.
C’est là que se situent les grands avantages pour les touristes : carte délivrée immédiatement, non nominative, accès à tous les transports, et pas de problème de langue puisqu’il suffit de déposer la carte sur une borne et d’y glisser un billet pour la recharger – ou encore de demander à un commerçant de s’en charger.
Accès total
La istanbulkart est valable pour tous les types de transports : bus, métro, tram, funiculaire et même bateau. Il suffit de scanner sa carte pour passer le portique. Le montant en question (qui varie selon le mode de transport utilisé et le nombre de correspondances dans l’heure) est alors déduit de la somme qui a été déposée sur la carte. Seuls les dolmuş et les minibus exigent de payer le trajet en liquide – deux à cinq lires turques, selon la distance parcourue et l’horaire (de jour ou de nuit), soit entre 60 centimes et 1 euro 50.
Réseau & Fréquence
Il n’y a pas beaucoup de quartiers qui échappent aux transports en commun, en ce sens que la ville est très bien desservie. L’étendue du réseau permet de se rendre à peu près n’importe où assez facilement. Heureusement, il en reste bien sûr certains, notamment les rues piétonnières (qu’elles soient commerçantes ou non) – là aussi, soit dit en passant, bien mieux pensées que le dépotoir dont se voit désormais affublée Bruxelles – ou certains quartiers plus calmes et pittoresques. Il faut bien quelques endroits pour échapper au brouhaha incessant de la ville.
Car, malheureusement et malgré ce bon réseau, il n’est pas toujours facile d’échapper aux embouteillages, parfois même à 2h30 du matin ! Pour contrer cet inconvénient, sept lignes de « Metrobüs », système BHNS (bus à haut niveau de service) ont été instaurés depuis 2007. Ces bus bénéficient d’un itinéraire en site propre sur la quasi-totalité de leur parcours, mais sillonnent surtout la périphérie de la ville.
Traverser le Bosphore en bateau pour passer de la rive asiatique à la rive européenne prendra entre 20 et 30 minutes, jusqu’à 23 h en moyenne. S’il y a une fourchette de dix minutes, ce n’est pas pour des raisons de ponctualité mais simplement parce que la distance varie d’une station à l’autre. La fréquence et l’horaire des bateaux sont en effet respectés à la minute près.
A chaque besoin son transport
Autre mode de transport bien pensé : le funiculaire (füniküler). Souterrain, il permet de se rendre d’une station située près du Bosphore (Karaköy ou Kabataş) vers le haut de la ville (Beyoğlu ou Taksim) en quelques minutes (un départ toutes les 5 minutes). Non seulement c’est très rapide, mais ça évite surtout de perdre son souffle en remontant les très fortes pentes – jusqu’à 17% – sur plusieurs centaines de mètres. Signalons aussi l’utilité du téléphérique qui vous amène directement au café Pierre Loti pour profiter d’un des plus beaux panoramas de la ville.
Typiquement turc : les dolmuş
Voilà un système dont les autres villes touristiques feraient bien de s’inspirer. Les dolmuş (prononcer « dolmouche ») sont des minibus/taxis collectifs qui desservent la ville 24/7. Leur nom signifie « remplis », ce qui signifie qu’ils ne partent que lorsqu’ils sont pleins. Une fois rempli, le véhicule s’engage sur le boulevard et aussitôt, un autre s’avance pour le remplacer. L’itinéraire est fixe, partant d’un point A pour rejoindre un point B. En revanche, ils s’arrêtent n’importe où sur leur trajet, que ce soit pour faire descendre des passagers à leur demande ou pour en prendre des nouveaux présents sur le chemin. Les passagers ont alors pour habitude de tapoter l’épaule de la personne devant eux pour transmettre l’argent jusqu’au chauffeur : 3TL en journée et 5TL en soirée et la nuit. Idéal pour éviter de payer le prix plein d’un taxi, ce système a un grand succès auprès des jeunes et des noctambules.
Certes, ce genre d’infrastructures se met en place au prix d’investissements (publics mais aussi privés) coûteux, et à chaque ville ses besoins, mais il faut penser aux retombées : de bons transports signifient plus de visiteurs, et a fortiori plus de clients.