Angela Merkel n’est pas immortelle, ni indispensable, c’est que révèle brutalement son échec à former un gouvernement. Pourtant la Bourse n’a pas peur de cette instabilité politique et se rassure en pensant à la… Belgique.
Personne n’est éternel et personne n’est indispensable – c’est en gros la leçon que l’on peut tirer de l’incapacité d’Angela Merkel à constituer un gouvernement en Allemagne. A force d’être depuis 12 ans, et sans discontinuer, à la tête de la première puissance économique européenne, tout le monde ou presque pensait que Merkel était indispensable à l’équilibre de l’Europe. Mais condamnée pour le moment à gérer les affaires courantes, et sauf retournement de situation, la chancelière allemande risque de ne diriger son pays que pour quelques mois encore.
Après des années de coalition mêlant la gauche et la droite, les Allemands semblent vouloir un gouvernement plus clarifié, pour ne pas dire plus marqué idéologiquement. Le problème pour le parti de Merkel, c’est qu’il n’a aucune nouvelle tête à offrir. Le parti était tellement persuadé de l’immortalité d’Angela Merkel qu’il en a oublié de faire émerger une ou plusieurs figures capables d’incarner le changement. Quant à l’Europe, elle retient son souffle. Après le Brexit, après la Catalogne, l’instabilité politique de l’Allemagne est un peu la goutte qui fait déborder le vase.
Aujourd’hui, le seul qui semble capable de donner un cap à l’Europe, c’est Emmanuel Macron, mais sans la puissance économique de l’Allemagne, il est un peu démuni. L’Europe n’avance vraiment que quand le couple franco-allemand est uni et avance dans la même direction. Et là, hélas, l’un des deux moteurs est éteint. En revanche, la Bourse reste zen, elle garde confiance en Merkel pour trouver une solution pour rester à la tête de la première économie d’Europe. Les investisseurs pensent même que l’échec des négociations pour former un gouvernement en Allemagne n’aura aucun impact à court terme.
Un analyste de la banque ING interrogé par mes confrères du journal Le Figaro cite même notre pays comme exemple. Il part du principe que la Belgique est également restée très longtemps sans gouvernement et qu’au final cela lui a fait plus de bien que de mal ! Avouez que c’est un drôle d’hommage, mais c’est un hommage quand même ! BlackRock, l’un des plus grands gestionnaires d’actifs au monde estime que l’Europe, malgré ces rebondissements politiques, évolue dans un environnement politique plus stable qu’au printemps dernier – et c’est ce qui expliquerait le calme des Bourses.
Mais il ne faut pas se leurrer, notre vieille Europe sort enfin d’une décennie de crise financière sans précédent, et nous avons également retrouvé le chemin de la croissance, il serait dommage que tous ces flottements politiques pénalisent notre Europe. Ce qui se passe en ce moment en Allemagne nous concerne donc tous, et doit nous garder éveillés.