Le peu connu (à tort !) Musée de la Tapisserie et des Arts Textiles (TAMAT pour les initiés) et le Musée des Beaux-Arts, tous deux logés au plein cœur de Tournai, ont eu la bonne idée de partager à la fois leurs expertises et leurs espaces pour « explorer le thème du pli dans sa définition la plus large, en se concentrant, naturellement pour le TAMAT, sur le textile » explique Mélanie Coisne, nouvelle directrice de cette institution culturelle tournaisienne.
L’occasion était belle, en puisant dans les quelques 5.000 œuvres qui constituent le très riche fond du Musée des Beaux-Arts de Tournai, de mettre en scène, toujours autour et alentour de l’art du tissu, d’autres formes d’expressions artistiques telles la peinture, la vidéo, la sculpture ou encore la photographie.
Pour cette approche décloisonnée du pli « dans tous ses états », la commissaire Patricia Gérimont a opté pour un abécédaire, soit la déclinaison, de A à Z et sur les deux lieux d’exposition, de 26 séquences pour approcher le « plissé » sous toutes ses formes.
Fraises et jupes plissées
Du A de « A table » avec la nappe impeccablement amidonnée et les serviettes aux plis bien marqués-tout un décors en soi-, au F de la « fraise », sans doute un des objets les plus emblématiques du pli textile avec, au fil du temps, ses véritables « meules » ou « roues de charrettes » comportant jusqu’à trois étages de plis !
Pour la lettre J, la fameuse « jupe plissée » est, tout comme la fraise, un véritable archétype du pli textile. Du kilt écossais à l’anaku péruvien, ou à la jupe chinoise de la dynastie Qing, la jupe plissée se retrouve aux quatre coins du monde.
Drapé
La question du drapé et autres plis, qui a notamment mobilisé au cours des siècles l’extraordinaire savoir-faire de certains peintres, n’est pas exclue de cette exposition avec notamment, aux Beaux-Arts, une sorte de parcours du drapé dans l’art occidental, depuis le pli antique jusqu’aux approches volumétriques de la Renaissance.
Souvent, les textiles et objets anciens sont mis en relation avec des créations beaucoup plus contemporaines via des bijoux, des foulards ou encore des éventails.
Un projet scénographique et artistique qui fait cohabiter, harmonieusement, des catégories d’habitude séparées comme les beaux-arts, les arts appliqués ou encore l’évolution des métiers restitués dans l’histoire locale, si historiquement réputée à Tournai pour la tapisserie.
À voir jusqu’au 24 mai prochain