Hong Kong devait célébrer, le 1er Juillet dernier, le 23ème anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine. La marche à laquelle prennent traditionnellement part les Hongkongais à l’occasion de cet événement a été, pour la première fois, interdite par les autorités. D’un autre côté, la loi sur la sécurité promulguée à Hong Kong est très populaire pour les habitants de Chine Continentale.
Une nouvelle loi qui remet en question le système libéral
L’Assemblée Nationale Populaire chinoise (ANP) a voté la loi « sur la sécurité nationale » à Hong Kong. Celle-ci permettra à la justice hongkongaise de réprimer plus durement les manifestations de masse.
Par exemple vandaliser les transports publics sera considéré comme un acte de subversion ou de terrorisme.
Les slogans appelant à l’indépendance, à la révolution ou remettant en cause l’unité de la Chine sont par conséquent désormais illégaux.
Des manifestations qui duraient depuis des mois
Il y a environ un an, des centaines de milliers de manifestants à Hong Kong s’étaient rassemblés pour une marche qui est devenue le début de la plus grande crise politique du territoire semi-autonome. Il s’agissait de protester contre un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine continentale.
Dans les mois qui ont suivi, les manifestants envahissaient les rues de la ville de façon régulière. On a même assisté à des sit-in à l’aéroport et transformé un campus universitaire en un champ de bataille.
Un événement qui allait tout changer
Alors que Pékin fêtait le 70e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine le 1er octobre par un défilé militaire, les manifestants à Hong Kong ont organisé de nombreuses manifestations. Quelques jours plus tard, le gouvernement de Hong Kong a utilisé des pouvoirs d’urgence pour interdire les masques faciaux lors des manifestations. Ce fut un pas de trop pour la Chine.
Les protestations internationales ont eu des effets contraires
L’administration Trump a intensifié ses actions contre la Chine, imposant des restrictions au commerce et à la technologie. Les américains ont même salué la réélection de Mme Tsai à Taïwan. Le président américain n’a pas arrêté d’accuser la Chine d’avoir provoqué la pandémie du Covid-19.
Dans le même temps, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, promettait une refonte historique du système de visas pour accueillir les hongkongais qui souhaiterait fuir l’emprise de la Chine Populaire.
Environ 3 millions de Hongkongais pourraient être éligibles pour les passeports britanniques. Une mesure contestée par la Chine, qui a promis de prendre des mesures.
Des tensions avec l’Inde
Sur ses frontières avec l’Inde, les forces armées chinoises se sont affrontées à deux reprises ces dernières semaines avec les troupes indiennes.
L’Inde a accusé la Chine de bloquer des patrouilles de son côté sur la ligne de contrôle, la frontière non officielle. On peut y voir, sans être un grand spécialiste, la volonté de Washington de faire monter la pression.
Des revendications de territoires en mer de Chine
La Mer de Chine Méridionale constitue un enjeu stratégique de premier plan pour les États d’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui la bordent, mais aussi pour la Chine et Taïwan.
La Chine a intensifié ses efforts pour dominer la mer de Chine méridionale malgré les revendications territoriales de pays comme le Vietnam, la Malaisie et les Philippines. L’implication des Etats-Unis vient à nouveau attiser les tensions. Il y a des risques réels de conflits qui pourraient déborder hors de cette région.
La Chine ne veut plus être contrainte
Pékin a passé des années à détourner les critiques de son système en disant que la Chine n’était pas encore prête pour plus de libertés démocratiques, laissant effectivement ouverte la possibilité d’une plus grande libéralisation du système politique, comme beaucoup l’espéraient à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
La Chine est désormais un « État qui ne s’excuse plus d’être autoritaire ». Les entraves économiques américaines ont eu un effet contraire sur l’autorité du président chinois.
Le président Xi devait détourner l’attention
La décision politique, pour qu’Hong Kong s’aligne, est une mission extrêmement populaire auprès de la population en général. Une mission qui pourrait aider à détourner l’attention d’autres problèmes.
Comme nombre de pays qui ont subi fortement la pandémie, le PIB chinois est en chute en 2020. Les travailleurs chinois risquent d’être impactés.
Hong Kong n’est plus si stratégique pour la Chine
Le facteur le plus important en jeu est peut-être que la Chine n’a tout simplement pas autant besoin de Hong Kong qu’auparavant. Dans les années 90, Hong Kong représentait 27 % de l’économie chinoise. Maintenant, cela représente moins de 3%.
Les mégalopoles chinoises comme Shenzhen, Pékin, Shanghai, Chongqing et Guangzhou ont connu une croissance incroyable.
Au lieu d’avoir une seule ville pivot attirant les investissements et les travailleurs étrangers, la Chine en a maintenant plusieurs. Cela signifie que le gouvernement chinois a de moins en moins d’incitations à garder Hong Kong aussi libre et économiquement indépendante.
Et le tourisme finalement ?
Dès que les problèmes liés au Covid-19 seront terminés, Hong Kong ouvrira à nouveau ses portes au tourisme qui a énormément souffert des manifestations. Les voyages d’affaires reprendront.
Certains voudraient croire que Singapour pourrait remplacer Hong Kong, notamment comme une place financière alternative. Pour le moment, les experts financiers n’y croient absolument pas.