L’année dernière, les voyages et le tourisme ont représenté 17,9% du produit intérieur brut (PIB) de la Nouvelle-Zélande soit un peu plus de 30 Mds €. Mais il y a le revers de la médaille… Car derrière les chiffres, c’est pas toujours rose. Et pas qu’en Nouvelle Zélande.
La Nouvelle Zélande est tendance… Très tendance. C’est ce que révèle une étude publiée par le World Travel & Tourism Council (WTTC). Les prédictions tablent sur une hausse annuelle de 2,9% pour arriver à représenter 20% du PIB dans la prochaine décennie.
Le secteur des voyages a gagné 3,2%, soit plus que l’économie en général qui n’affiche que 2,9% de croissance. En Europe, on s’en contenterait… En termes de voyages, la Nouvelle-Zélande est le 32e marché au monde. Selon Gloria Guevara, président & CEO du WTTC, la Nouvelle-Zélande devrait totaliser plus de 2,7 millions de touristes en 2018, soit une progression de 3,9% par rapport à 2017.
Génial… Mais, il y a un sérieux bémol derrière cette avalanche de bons chiffres…
Revers de la médaille…
Le problème, c’est que ces flux sans cesse plus grandissants de touristes commencent à créer certaines tensions dans ce petit pays de 4,5 millions d’habitants… et des incidents avec les locaux sont de plus en plus fréquents… ça nous rappelle quelque chose en Europe… Mais le Néo-Zélandais est beaucoup moins cool que l’Européen…
Ainsi, le site internet néo-zélandais Stuff.co.nz rapporte que, la semaine dernière, trois touristes qui surfaient sur la côte de Taharoa (au nord-ouest de l’île du Nord) ont été visés par des coups de feu. L’un d’eux, un adolescent de 14 ans, a vu une balle toucher l’eau à quelques mètres de lui. Sur la plage, ils ont aperçu deux personnes qui leur ont proféré des insultes.
La police néo-zélandaise a ouvert une enquête. Toujours selon le site, certains locaux estiment que ce spot de surf – encore méconnu des touristes – leur est réservé. Un incident similaire se serait déjà produit dernièrement avec un pêcheur. Et cette accumulation d’incidents ne reflètent que l’impression grandissante en Nouvelle Zélande.
Protection de l’immobilier local
Selon la population locale, beaucoup de sites néo-zélandais ont perdu leur âme, investis désormais par les touristes, et les surfeurs locaux tentent de garder secret certains endroits encore préservés. Mais il n’y a pas que les surfeurs… Toutefois, cette récente tension entre touristes et population locale a obligé le gouvernement néo zélandais à réagir…
Pour réguler l’engouement grandissant des touristes pour le pays, le parlement a récemment initié plusieurs mesures radicales en direction des étrangers. En juin, une taxe spéciale a été votée spécialement pour les touristes. Et pour lutter contre la flambée de l’immobilier (provoquée notamment par les investisseurs chinois) et que connaissent tant de destinations touristiques (toujours pour les mêmes raisons spéculatives), les étrangers n’auront plus droit d’acheter des propriétés résidentielles… Et ça pose question sur l’avenir du tourisme.
Problème d’éducation ou d’époque ?
Comment faire cohabiter des touristes toujours plus nombreux et une population locale chassée doucement mais sûrement de son environnement originel par leur venue ? Faudra-t-il réguler et en arriver à taxer encore et encore pour éviter les effets toxiques générés par une surfréquentation touristique d’une destination ? Sans doute, car « trop de tourisme, tue le tourisme »… Encore plus lorsque la population est exclue de cette manne touristique, comme c’est souvent le cas. Un paradoxe quand on sait que le tourisme est synonyme de partage et liberté.
Mais une liberté qui s’arrête où commence celle du «local» qui nous accueille, celui qui fait bien sur la photo… Et ça, beaucoup de touristes, d’où qu’ils viennent et où qu’ils aillent, l’ont oublié, quand ils ne le voient pas… Et ça s’appelle aussi le respect. Nous ne sommes pas chez Nous… Nous nous invitons, soyons dignes de ceux qui nous accueillent, et ne nous imposons pas… Mais ça, c’est une question d’éducation… ou d’époque… Où les deux…
En rédigeant ces quelques lignes, je viens d’entendre qu’au Beausset, une petite commune dans le Var, en Provence, Georges Ferrero, maire de son état, a été abordé cet été à plusieurs reprises par des touristes qui posaient réclamation sur leur séjour. La cause de leur courroux ? Des cigales trop bruyantes ! « Ils m’ont demandé : est-ce que vous avez des produits insecticides pour passer sur les arbres ? Comment se débarrasser des cigales ? » a-t-il déclaré, éberlué, à la radio France Bleue.
« J’ai été très choqué. Les cigales font partie de l’emblème de la Provence. Quand on vient dans le sud, on sait qu’il y a des cigales. Nous, on est fier de les avoir ! », a déclaré l’élu varois… Pas pour certains touristes béotiens… C’est ça le tourisme du XXIe siècle