Thomas Cook : Pourquoi la faillite aura encore des conséquences sérieuses pour les TO ?

Toutes les entreprises qui ont racheté les beaux restes de Thomas Cook, en Europe, se félicitent car elles ont un concurrent en moins et elles vont pouvoir développer plus rapidement leurs affaires. Mais on voit poindre quelques problèmes à court et moyen terme.

N’oublions pas que plus de 300 employés ont perdu leur emploi

On nous dira que plusieurs centaines d’emplois ont été sauvés. Ce qui est vrai. Mais, il reste malgré tout sur le carreau plus de 300 personnes.

Si l’usine de Whirlpool à Amiens a fait les titres des médias pendant plusieurs semaines et fait déplacer deux candidats à la présidentielles ; les employés de Thomas Cook auront été totalement oubliés.

Le secrétaire d’état chargé du Commerce extérieur, du Tourisme et de la Francophonie, Jean Baptiste Lemoyne, n’aura eu une pensée qu’envers les clients…mais silence radio pour les employés !

Les hôteliers ont beaucoup perdu

Les propriétaires d’hôtels qui travaillaient avec Thomas Cook auront été très pénalisés. Si l’ancien TO vendait des packages sur du long-courrier comme Cuba ou le Mexique, ce sont surtout les hôteliers des stations balnéaires, qui bordent la Méditerranée, qui ont trinqué. On peut bien sûr ajouter l’Atlantique avec les hôteliers des îles Canaries.

Grigoris Tasios (photo ci-contre), Directeur de la Fédération des hôteliers de Grèce, estime que les pertes pour les hôteliers de son pays pourraient atteindre 300 millions d’euros, dont 80 à 100 millions d’euros en Crète, la destination la plus populaire de Grèce pour les voyages à forfait.

Le président de la fédération espagnole des agences de voyage, Rafael Gallego, avait indiqué : « C’est une terrible nouvelle avec la faillite de Thomas Cook. Pour notre secteur, c’est comme la faillite de Lehman Brothers pour le secteur financier». Juan Molas, Président de la fédération hôtelière espagnole, avait déclaré qu’au moins 500 hôtels devraient fermer en raison de la faillite.

Au-delà des règlements, c’est la saison hiver qui est inquiétante

Les hôteliers de plusieurs pays ont obtenu des aides de l’état pour pallier à la faillite du géant touristique. Mais au-delà des aspects financiers immédiats, c’est le remplissage des établissements pour cet hiver qui inquiète les hôteliers.

Certains allottements de TC n’ont pas trouvé preneur. On évoque la fermeture temporaire de plusieurs hôtels.

Les hôteliers veulent être réglés plus rapidement

Par exemple, les hôteliers turcs demandent à l’avenir des paiements anticipés aux voyagistes en raison de leurs lourdes dettes causées par l’insolvabilité de TC.

L’entreprise payait les factures plus de 60 jours après leur réception. Erkan Yagci, président de l’association régionale des hôteliers d’Antalya, qui compte 900 membres, exige un paiement dans les 21 jours au plus tard, notamment pour pouvoir payer le salaire mensuel du personnel et d’autres frais. Cette attitude risque de s’étendre !

Le PDG de DER Touristik a tenté de modérer les ardeurs des hôteliers

Sören Hartmann, PDG de DER Touristik Group, a admis lors d’une conférence que l’insolvabilité avait nui à l’image des voyagistes auprès des hôteliers. Mais il a affirmé que le comportement de réservation des consommateurs allemands était désormais normalisé, soulignant : « Les vacances à forfait sont toujours le moyen préféré des consommateurs et surtout le plus sûr et le meilleur ».

Concernant les délais de paiement, Sören Hartmann a déclaré que les hôtels ne devraient pas avoir à agir comme des banques et avaient le droit de recevoir leurs paiements dans un délai raisonnable. Il a ajouté : « Vérifiez avec qui vous voulez travailler et avec qui vous ne le voulez pas ».

En attendant, les turcs font leur cuisine

En effet, les deux principaux TO allemand vers la Turquie : Öger Tours et Bucher Reisen ont été repris par le groupe turc Anex. Avec ces acquisitions, Anex Tour deviendrait (selon les médias turcs) le deuxième plus grand voyagiste au monde après l’allemand TUI.

Après le rachat d’Intourist en Russie, et le rachat des deux TO en Allemagne, le nombre de clients voyageant avec Anex passerait à 8 millions, tandis que le chiffre d’affaires de l’entreprise devrait atteindre 10 milliards d’euros.

Soit Neşet Koçkar est un formidable entrepreneur, soit il reçoit de forts soutiens au plus haut niveau en Turquie.

Serge Fabre

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