De la verdure à perte de vue, des paysages escarpés, des torrents d’eau limpide, des criques encaissées, des plages blanches léchées par une mer turquoise et des villages intemporels humblement adossés aux collines vertes, telle se découvre Thassos, la plus septentrionale de toutes les îles grecques. Une invitation à la randonnée pour les amoureux de la nature et au farniente en se laissant bercer par le léger mouvement des vagues.
A 5 km à peine des côtes de la Macédoine, Thassos se découvre depuis le ferry comme un gros caillou recouvert de forêts de pins, de platanes et d’oliviers. Une route en fait le tour sur 90 kilomètres, d’une petite station balnéaire à l’autre et parfois, une voie perpendiculaire permet de grimper vers les villages de montagne où s’abritait jadis la population loin des pirates qui envahissaient régulièrement l’île. Il reste à prendre son bâton de randonnée pour grimper vers le mont Ipsarion dont le sommet (1205m) tutoie souvent les nuages.
A la croisée des routes maritimes.
L’île de Thassos est occupée depuis le néolithique mais c’est au 7ème siècle avant notre ère qu’elle va se développer grâce à des colons venus de l’île de Paros qui profitent des richesses d’une terre fertile dans la plaine et d’un port naturel sûr.
A une époque où le cabotage est le moyen le moins risqué de naviguer, sa situation exceptionnelle au carrefour de plusieurs routes maritimes et à proximité de la côte thrace où les Thassiotes développent des comptoirs va permettre l’éclosion d’une civilisation prospère.
L’île vend du vin jusqu’en Afrique du nord s’il faut en croire les amphores qu’on y a retrouvées. Tout comme aujourd’hui, elle exporte de l’huile d’olive mais aussi du marbre d’une exceptionnelle blancheur et aux nuances cristallines qui trouve ses acheteurs dans les palaces du monde arabe après avoir servi jadis de matériaux pour les sculpteurs athéniens.
Il faut absolument commencer par une visite du petit musée archéologique de la capitale Liménas qui expose d’importants vestiges exhumés dans toute l’île grâce à la collaboration de l’Ecole française d’Athènes qui continue depuis 1934 à jouer un rôle majeur dans la mise en valeur des sites.
Cette visite bien documentée permet ensuite d’aborder les autres vestiges éparpillés dans la ville et accessibles à tous : des portiques, des colonnes, les fondations d’une basilique, une agora et même sur les hauteurs l’Acropole avec une vue magnifique sur le port.
Les ruines font partie intégrante du décor dans lequel s’insèrent les maisons de Liménas. Les anciennes pierres tombées sur le sol servent de banc public, les enfants jouent autour des colonnes qui limitent le terrain dans les jeux de balle…
Les ruines d’une cité antique mêlées de vestiges byzantins à Aliki au sud de l’île méritent également le détour ne fut-ce que pour le cadre somptueux qui se visite gratuitement et qui s’étire sur une mince langue de terre bordée par deux criques paradisiaques.
D’un côté, presque à fleur d’eau, les fondements d’anciens temples qui abritaient les fidèles qui y organisaient des banquets sacrificiels au vu des vœux de bonne navigation gravés dans le marbre à l’intention de dieux comme Artémis, Poséidon, Asclepios et Héracles.
Ailleurs sur la butte, les vestiges de basiliques paléochrétiennes qui devaient se repérer de loin, tel un phare.
Un séisme important au 7ème siècle va briser l’élan de toute la région et par la suite, l’île devient l’escale principale des liaisons byzantines entre Constantinople et Thessalonique mais elle est aussi la proie de nombreux corsaires. Au 14ème siècle elle est conquise par les Génois jusqu’à ce que les Ottomans s’en emparent pour près de cinq siècles, jusqu’en 1912 quand elle sera libérée par la flotte grecque.
Entre mer et montagne
Sur une île, la mer n’est jamais loin et à Thassos, il est aisé de conjuguer les plaisirs de la montagne avec ceux de la mer, incontournables quand on part en vacances en Grèce. Au fil de la route qui encercle l’île, on traverse plusieurs petites stations balnéaires à taille humaine pour le plaisir des familles.
Ce sont en fait d’anciens villages de pêcheurs qui se sont reconvertis à l’aune du tourisme. Mais il est des criques bien cachées dont les reflets bleus scintillent au pied de courtes falaises recouvertes d’une végétation dense comme à Aliki ou encore au creux d’une anse surplombée par une pinède comme à Makryammos ou encore le lagon de Giola, une magnifique piscine naturelle creusée dans les rochers par les vagues au cours des siècles avec une vue imprenable sur l’horizon de la mer Egée.
La perle n’en est pas moins Limenas, la capitale qui réunit tous les plaisirs. La petite ville dessine un ruban blanc le long du front de mer parcouru par de nombreux badauds qui s’arrêtent sur un banc ou à l’ombre d’une terrasse, le regard distrait par le trafic des ferries ou des bateaux de plaisance qui viennent se poser ici durant une nuit ou deux.
Le vieux port qui se love dans une crique juste en face du musée offre un visage riant avec ses bateaux colorés qui alimentent chaque jour les quelques restaurants qui déploient leur terrasse juste en face.
La petite ville reste animée entre les enfants qui dévalent en trottinettes sur les places ou les touristes qui s’égarent entre les boutiques de souvenirs du petit centre avant de s’offrir un apéritif à l’heure où le soleil se noie à l’horizon dans une explosion de couleurs chatoyantes.
Panagia, Kazaviti, Maries, Theologos, Kastro, des villages de montagne qui raviront les amateurs de ruralité et de traditions. Il faut attendre que le jour décline et que les rares groupes de touristes, chargés de souvenirs photographiques, abandonnent les lieux pour rejoindre le littoral. Un silence ouaté s’enroule alors autour des venelles livrées à leurs rares habitants et à ceux qui ont choisi d’y passer une soirée ou une nuit.
Plaisir divin de flâner dans les ruelles étroites le long de maisons basses surplombées d’un balcon en bois en encorbellement et chapeautées d’une toiture plate recouverte de lauzes.
S’installer sur une terrasse à l’ombre d’un platane et savourer un dessert au miel de Thassos, l’un des meilleurs de Grèce car ici les abeilles butinent dans les épinettes avant de réintégrer leurs maisonnettes colorées qui peuplent les sous-bois.
Et perdre son regard dans la vallée ombreuse, le long de la route qui voltige au loin, entre le bleu du ciel et les reflets bleutés de la mer.
Savoureux mélange que Thassos, une île qui laisse rêveurs ceux qui n’hésiteront pas à parcourir en journée les paysages verdoyants de l’arrière-pays, loin de la chaleur du littoral pour y revenir à l’heure du couchant quand la brise du soir allonge les flâneries paresseuses dans les venelles des ports. Images paisibles d’un quotidien sans façons que les Grecs partagent volontiers avec l’étranger.
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
Infos
Y aller : Depuis Bruxelles, le plus simple est encore de partir avec TUI qui offre 1 vol hebdomadaire www.tuifly.be/fr.
Un site incontournable http://www.visitgreece.gr/en/greek_islands/the_emerald_of_the_aegean et un contact sur place Maria Polimerou [email protected]
Se loger : pour les amoureux de tranquillité, de plages et de soirées organisées dans un décor idyllique, la formule de www.makryammos-hotel.gr offre des bungalows dispersés sous les pinèdes avec vue sur la baie.
Pour ceux qui préfèrent être au cœur de la vie des Grecs, tien de tel que le boutique hôtel A-for-Art installé dans une ancienne manufacture de tabac au cœur de Limenas à 2 pas du vieux port. Sa casquette de design hotel est une invitation surréaliste dans cette île en naturellement traditionnelle www.aforarthotel.gr