Certains médias, dont des médias professionnels du tourisme en France (tous soit disant numéros uns, ne rigolez pas !) se sont rués sur une rumeur diffusée après une formation de cadres supérieurs de la compagnie nationale thaïlandaise. Il nous paraissait important de remettre les pendules à leur place, comme aurait dit l’idole des jeunes !
Une rumeur qui aurait démarré lors d’une réunion de cadres de la compagnie aérienne
Des médias ont rapporté que le président de Thaï Airways, Sumeth Damrongchaitham, avait fait état de graves difficultés financières et d’une éventuelle fermeture de la compagnie pendant une formation de cadres supérieurs. Il s’agissait comme beaucoup d’entreprises de faire prendre conscience à des collaborateurs sur la nécessaire adaptation à un marché très difficile. Le président de Thaï Airways a indiqué qu’il fallait réduire les coûts … y compris ceux des cadres ! Quel dirigeant ne prendrait pas de mesures pour limiter les pertes ?
Thaï Airways dément cette mauvaise interprétation
Les informations faisant état d’une possible fermeture de la compagnie aérienne étaient erronées et reposaient sur une interprétation erronée des déclarations du patron de la compagnie.
« Thaï Airways est loin d’arrêter ses opérations, mais doit être prête à faire face aux défis du marché », a déclaré le groupe dans un communiqué.
Le Vice-Premier ministre, Somkid Jatusripitak a rejeté la possibilité que la compagnie aérienne, éprouvée par des pertes, soit forcée de fermer ses portes.
Parlons chiffres
Au premier semestre 2019, Thaï Airways aurait perdu environ 120 millions d’euros. La perte de Thaï Airways International au deuxième trimestre a plus que doublé du fait du ralentissement économique mondial, de la concurrence et du renforcement du baht, qui ont pesé sur les recettes. Les revenus ont chuté de 10 % en un an, à 42,5 milliards de bahts (1,250 milliards d’euros). Les dépenses totales ont diminué de 0,8 % à 49,6 milliards de bahts en raison de la baisse des prix du carburant.
Si on évoque les pertes cumulées les chiffres sont effectivement effrayants. Cependant, les principaux actionnaires de Thaï Airways sont le ministère des Finances, avec une participation de 51,03 %, aux côtés du fonds d’État Vayupak, qui détient 15,16 %.
On aura compris que la compagnie nationale thaïlandaise est pleinement soutenue. La compagnie emploie environ 20 000 personnes, ce qui est sûrement un poids non négligeable.
Pourquoi ne pas avoir évoqué le cas de Malaysia Airlines ?
La compagnie aérienne de Malaisie est malade depuis de nombreuses années. Elle doit trouver une solution afin de se remettre de deux catastrophes en 2014, lorsque le vol MH370 avait disparu mystérieusement et que le vol MH17 avait été abattu au-dessus de l’Ukraine orientale.
Lors de son arrivée au pouvoir, le Premier Ministre, Mohamad Mahatir, avait indiqué vouloir fermer la compagnie. Quelques mois plus tard étaient moins fermes : « vendre la compagnie aérienne, ou collaborer avec toute entreprise ou participer au redressement de la compagnie. ». Il souhaite également que son identité en tant que transporteur national devait être conservée.
Enfin, il faut rappeler que Malaysia Airlines est la propriété du fonds souverain de la Malaisie « Khazanah Nasional ».
La compagnie a perdu en 2018 au moins 180 millions d’euros. Malaysia Airlines opère avec 80 appareils et emploierait plus de 14 000 employés.
Le taux de pénétration des « low cost » est passé à 50 % dans la région
Sur les 20 compagnies aériennes ou sociétés affiliées cotées en bourse basées en Asie du Sud-Est, six étaient dans le rouge pour le 3 ème trimestre 2018 et 19 ont enregistré une baisse de rentabilité par rapport à l’année 2017.
La concurrence intense et une population généralement sensible aux prix ont empêché les compagnies aériennes de répercuter les coûts plus élevés du carburant.
La capacité en sièges en Asie du Sud-Est a plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant d’un peu plus de 200 millions de sièges en 2008 à près de 530 millions de sièges en 2018. C’est l’une des régions à la croissance la plus rapide.
Les compagnies à bas coûts ont ajouté près de 200 millions de sièges au cours de la présente décennie, ce qui leur a permis de passer de 30 % en 2008 à près de 50 % en 2018 en taux de pénétration.
Sur les cinq principaux marchés intérieurs (Indonésie, Thaïlande, Vietnam, Malaisie et Philippines), les compagnies à bas coûts représentent au moins 50 % de la capacité.
En Thaïlande, elles auraient capté 70 % du marché intérieur. Thaï Airways a réagi avec sa filiale Thaï Smile mais fait face à des compagnies comme Air Asia, Nok Air, Thai Lion Air, Thai Vietjet …
Comme on peut le juger la concurrence est rude. Les compagnies nationales en Asie du Sud doivent encore faire des efforts d’adaptation mais sont soutenues par leurs états.