Taxonomie, « greenwashing » et troupeau de vaches

En économie aussi le Diable peut se cacher dans les détails… La meilleure preuve se voit, aujourd’hui, dans les politiques de verdissement de notre planète : à force de répéter qu’il est minuit moins une si on veut sauver notre planète, la commission européenne vient de publier sa « taxonomie européenne ».

Contrairement à ce que laisserait penser le terme « taxonomie », il ne s’agit pas d’une nouvelle taxe mais plus simplement d’un règlement qui définit, secteur par secteur, les investissements qui sont considérés comme « verts » et qui peuvent donc aussi bénéficier des aides nationales ou européennes. C’est génial a priori ! Cela revient à dire qu’on ne laisse plus les entreprises proclamer elles-mêmes qu’elles sont vertes ou pas.

C’est vrai que ces dernières années, pas mal d’entreprises se sont acheté une belle conscience, les unes en plantant des arbres pour compenser leurs émissions de CO² ou d’autres en rachetant des start up vertes pour cacher le fait qu’elles continuaient à polluer comme avant.

Au final, toutes ces opérations, c’est juste des coups de peinture verte sur un mur rouge ou noir… Voilà, ça c’est pour le principe général, et grâce à cette « taxonomie » on ne pourra plus faire du « verdissement » de façade. Fini le marketing, et vive l’investissement réellement vert !

Mais c’est là où j’en arrive au Diable qui se cache dans les détails. D’abord, le nucléaire a été évincé de cette liste alors que techniquement le nucléaire, n’importe quel scientifique le confirmera, émet moins de CO2 que l’éolien, le photovoltaïque ou même un troupeau de vaches. J’imagine que ce sont d’autres risques qui ont été pris en compte et notamment les déchets d’uranium pour écarter le nucléaire de cette « taxonomie ».

Pour le reste, ce qu’il faut éviter, c’est de jouer au « grand soir ». C’est très bien de miser sur la transition énergétique, mais nous oublions juste que nous dépendons là-aussi de la Chine : à 70% pour nos batteries électriques, à 70% pour nos panneaux photovoltaïques et à 45% pour nos turbines éoliennes…

Donc, premier détail non négligeable, après les pertes d’emplois liées aux délocalisations, puis celles liées à la robotisation, il ne faudrait pas que la transition écologique détruise les emplois verts en les exportant en Chine. Autre détail diabolique à tenir en compte : il faut aussi donner du temps aux entreprises pour se verdir.

Si on arrête de financer les entreprises qui ne sont pas vertes, autant dire qu’on arrête 60% des entreprises! Imaginons qu’on veuille punir les pétroliers, en refusant de les financer. C’est simple, sans investissement, la production de pétrole diminue mécaniquement de 5% par an. Bref, si on n’assure pas une période de transition, nos voitures se retrouveraient à l’arrêt au beau milieu de l’autoroute !

Oui, il faut verdir les entreprises, mais il faut surtout les accompagner et ne pas les punir. Les philosophes latins le savaient bien, n’est-ce pas eux qui disaient: « c’est de la folie de vouloir punir son voisin en mettant le feu chez lui lorsqu’on habite juste à côté ».

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