Trente-quatre multinationales se sont engagées lors du sommet du G7 à Biarritz à débloquer un milliard d’euros pour lutter contre les inégalités. C’est sans doute le seul résultat tangible de la réunion du G7 à Biarritz ce weekend.
A l’initiative d’Emmanuel Faber, le PDG de Danone, 34 multinationales se sont engagées à débloquer des fonds pour lutter contre les inégalités. Cela tombe bien, le thème central de cette réunion des 7 plus grandes puissances économiques mondiales portait justement sur la lutte contre les inégalités…
Même les économistes les plus libéraux sont arrivés à la conclusion que la théorie du ruissellement ne fonctionnait pas. Vous savez, la théorie du ruissellement c’est cette théorie qui dit, ou plutôt disait, qu’il ne faut pas hésiter à enrichir les plus favorisés car cela profitera aux moins nantis. Autrement dit, l’argent versé au-dessus de la pyramide sociale finit par se déverser jusqu’à sa base.
Mais les statistiques le montrent, cette théorie ne marche pas… La preuve : alors que la crise de 2008 est supposée être derrière nous, le PDG de Danone a rappelé que 30% des ménages des pays de l’OCDE (donc les pays les plus avancés) ont vu leurs revenus réels baisser depuis l’éclatement de cette crise. En d’autres mots, la croissance qui a repris des couleurs pendant dix ans n’a pas été inclusive, elle a laissé beaucoup de personnes sur le bord de la route et essentiellement des personnes appartenant à la classe moyenne.
Maintenant, soyons francs : hormis cette coalition de grandes multinationales qui a décidé de débloquer un milliard d’euros pour lutter contre les inégalités, il est clair que c’est une goutte d’eau par rapport au problème, et que les gouvernements n’ont plus les moyens de lutter contre les inégalités. En réalité, le G7 le démontre une fois de plus : l’inégalité, on en parle souvent mais on ne fait rien, ou plutôt on l’oublie et on parle plus du climat. L’avantage du climat pour les politiques, c’est que c’est loin dans le temps alors que les inégalités sont devant notre porte. Sans compter que le coût de la lutte contre le climat est supporté par la classe moyenne, tandis que le coût de la lutte contre les inégalités est supporté par les plus riches.
Mais les grands patrons ont compris que c’était un danger de ne rien faire contre ces inégalités. Le PDG de la banque américaine JP Morgan a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Non pas qu’il est devenu socialiste, ce qui n’est certainement pas son cas, mais il a compris, comme beaucoup d’autres patrons, que si la croissance n’est pas inclusive, la population va se retourner contre les élites et des mouvements populistes plus radicaux risquent d’arriver au pouvoir et donc c’est leur business qui sera en danger.
C’est en quelque sorte aussi par intérêt que ces grands patrons veulent réduire les inégalités : leur seul souci est que les gouvernements ne les aident pas à aller dans cette direction. Premièrement, parce qu’ils sont souvent ligotés par leur endettement public. Ensuite, ce qui a frappé les observateurs, c’est que parmi les 7 têtes d’affiche de ce G7 figurent 3 dirigeants en sursis politique : je pense à Angela Merkel pour l’Allemagne, à Giuseppe Conte pour l’Italie et à Justin Trudeau pour le Canada.
Les investisseurs sont conscients de toutes ces faiblesses. Au fond, il n’y a qu’à regarder la Bourse qui est un peu le miroir de nos angoisses. Et que voit-on ? On ne parle que des taux d’intérêt négatifs et de la hausse de l’or. Or, ce sont les marqueurs d’une panique silencieuse comme l’écrit joliment le chroniqueur financier Bruno Bertez. Une panique silencieuse alimentée par la même force : la peur !