Dimanche s’est tenu un Sommet entre quelques ministres du transport ou leurs représentants, des USA, de Grande-Bretagne, d’Allemagne et de l’Union Européenne. Si l’initiative est louable, elle restera hélas sans doute inutile tant qu’on n’y associe pas les très gros pollueurs que sont la Chine, l’Inde, le Brésil et quelques autres… et qu’on ne prend pas en compte l’ensemble du globe terrestre.
Le Sommet part d’un constat :
« L’activité de transport mondiale va plus que doubler d’ici 2050 et les émissions liées au trafic augmenteront de 16% par rapport à 2015 – même si les engagements existants en matière de décarbonation des transports sont pleinement mis en œuvre. »
Pourtant, les émissions de CO2 occasionnées par les transports peuvent être réduites de près de 70% sur la période 2015-50 si l’on met en œuvre les bonnes politiques, et surtout sur l’ensemble du globe, ce qui n’est pas dit !
Quels sont les faits ? (même s’ils sont difficilement vérifiables, et que les sources ne sont pas claires)
-la mobilité urbaine génère 40% de toutes les émissions de CO2 liées à la circulation des personnes,
le transport non urbain est responsable des 60% restants;
-75% de toutes les émissions des passagers urbains les transports proviennent de voitures privées; le fret émet plus de 40% de tout le CO2 transporté; sa part augmente légèrement.
C’est sur ces chiffres que se base probablement la politique de mobilité de Bruxelles…
Que se passera-t-il si les politiques actuelles restent en place d’ici 2050 ?
Les chiffres basés sur des supputations donnent ceci :
-l’activité de transport de passagers sera multipliée par 2,3 (mesurée en passagers-km);
-l’activité de transport de marchandises sera multipliée par 2,6 (mesurée en tonnes-km);
-les émissions liées à la mobilité urbaine diminueront très légèrement, de 5%;
-Les émissions de CO2 du fret augmenteront de 22%.
Mais, si l’on appliquait des politiques ambitieuses ?
-les villes pourraient réduire les émissions de CO2 liées à la mobilité urbaine jusqu’à 80% d’ici 2050;
-le transport régional de passagers (par exemple par avion, train, bus) pourrait réduire de plus de moitié ses émissions de CO2 ;
-les émissions de fret pourraient être inférieures de 72%.
Pour atteindre ces objectifs, six recommandations ont été formulées
et à notre avis il faut bien les lire parce qu’elles ne vont pas toujours dans le sens souhaité par quelques intégristes politiques.
1)La sortie de la crise de Covid-19 offre une chance unique de combiner le développement économique avec un changement de comportement de mobilité (…) tout en augmentant les opportunités pour les citoyens d’améliorer l’accessibilité !
2)Mettre en œuvre des politiques beaucoup plus ambitieuses qui inverseront la croissance des émissions de CO2 des transports, (… en vue d’) accélérer et approfondir la décarbonation des transports.
3)Cibler différents secteurs du transport avec des stratégies qui reflètent leur potentiel et leurs défis de décarbonation spécifiques. Toutes les stratégies visant à « éviter, déplacer et améliorer » ne sont pas applicables dans le secteur de la même manière. (Cela mérite réflexion).
4)Soutenir l’innovation pour accélérer les avancées technologiques nécessaires à la décarbonation des transports (…) en particulier dans des domaines autrement difficiles à décarboner tels que l’aviation et le fret routier long-courrier.
5)Déplacer la priorité vers l’amélioration de l’accessibilité. La planification des transports tend à associer une capacité accrue à une accessibilité améliorée. La planification des transports au service des citoyens tient compte des destinations souhaitées et se concentre sur la manière dont les options de transport les relient. (On a bien lu ??)
6)Intensifier la collaboration avec les secteurs hors transports et entre les acteurs publics et privés.
Le transport à faible émission de carbone est au cœur du commerce et du tourisme durables.
N’a-t-on pas oublié l’essentiel ?
À lire tout ceci, on s’étonnera pourtant de ne rien voir sur les menaces que soulève l’abandon des énergies fossiles ; la principale étant leur déplacement vers des pays « pauvres » qui sont aussi les moins bien protégés par des lois contre les émissions nocives. On a un peu l’impression que ces objectifs sont destinés aux pays occidentaux pour se donner bonne conscience.
Mais on ne soulève aucun des vrais problèmes que posent la production fortement accrue d’électricité, la poursuite des recherches sur l’énergie nucléaire (propre), les technologies relatives à la production et l’exploitation du carburant hydrogène, etc.
Une belle réunion très « politique », bien-pensante et correcte. Mais est-ce bien utile ?