Et si Marine Le Pen emportait les élections françaises ? Ce scénario est aujourd’hui envisagé par les banquiers anglo-saxons et suisses. Le résultat de leur simulation est simple : si c’est le cas, les actions européennes et en particulier les actions bancaires perdraient 25% de leur valeur ! Bref, ce serait le séisme.
J’ai une amie hollandaise qui m’a avoué qu’elle était particulièrement fière d’être de nationalité néerlandaise après le vote raisonnable de ses compatriotes ce mercredi. Les marchés financiers ont été aussi soulagés qu’elle, après avoir constaté que le vote pour l’extrême-droite n’a pas eu le succès escompté, même si le parti qui est arrivé en tête pratique aussi le populisme light et a intégré le discours identitaire dans son programme.
Cela dit, pour les marchés financiers, le vrai risque, il n’est pas aux Pays-Bas, mais en France. Et même si les experts français s’accordent à dire et à répéter que Marine Le Pen ne risque pas d’arriver sur le perron de l’Elysée, les investisseurs étrangers ne sont pas aussi affirmatifs et posent encore des questions à leurs banquiers.
Ils sont méfiants, car ils ont entendu le même discours confiant pour le Brexit et pour Trump, et dans les deux cas, l’improbable a quand même fini par avoir lieu.
« Pour les marchés financiers, le vrai risque, il n’est pas aux Pays-Bas, mais en France »
Et donc, les banques anglo-saxonnes, suisses ne se gênent pas et font tourner leur calculette pour savoir ce qui se passerait en cas de victoire de Mme Le Pen à la présidentielle française. La banque américaine Citigroup a évalué que le secteur bancaire français perdrait environ un quart de sa capitalisation boursière si la candidate du Front National l’emportait.
Et même si ce scénario noir n’est pas le plus probable, les analystes américains de Citigroup lui donnent une probabilité de 20%. En clair, selon ce scénario noir, les banques françaises verraient 50 milliards d’euros de valeur s’évaporer en quelques jours. Chez Credit Suisse, on estime que ce risque est évalué à 30% par les marchés même si les analystes de la banque suisse pensent que ce risque est surestimé.
Dans une note datée du 9 mars, les banquiers de Credit Suisse pensent que la réaction immédiate à une victoire de Marine Le Pen serait une fuite des dépôts parce que les ménages commenceraient à craindre le risque de perte liée à une sortie de la zone euro. Et ces mêmes analystes de Credit Suisse envisagent aussi une vente massive des actions des banques françaises. Et là encore, sans entrer dans le détail, ils estiment que les actions européennes pourraient baisser de 25%.
L’autre risque – très minime – mais tout de même envisagé dans le cadre de tous ces scénarios noirs, c’est le risque d’une nationalisation bancaire. Un banquier français, interrogé par nos confrères de La Tribune.fr, indiquait qu’on pourrait peut-être voir la nationalisation d’une ou deux banques, ou même d’un gros assureur, pour utiliser leur bilan et financer l’économie. Mais le coût serait exorbitant : nationaliser BNP et Société Générale par exemple coûterait 160 milliards d’euros.
Mais bon, encore une fois, il ne s’agit là que d’un scénario du pire, et pour l’heure, les analystes restent malgré tout confiants dans les banques françaises et certains les apprécient encore plus car elles sont sous-évaluées à leurs yeux. Et puis, la défaite de Geert Wilders aux Pays-Bas leur redonne confiance dans le bon sens des citoyens français. En réalité, toute cette incertitude crée de la volatilité et donne des opportunités de trading à certains petits malins. Comme quoi les angoisses des uns, sont les gains des autres.