Sète, c’était jusqu’à présent pour moi une ville un peu à l’écart de l’autoroute, et dans laquelle on ne s’arrêtait jamais sur la route des vacances. Amateur de Brassens, je connaissais sa « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète », un petit bijou ciselé de poésie, de même que le « Cimetière marin » de Paul Valéry, avec ce vers fameux : « Ce toit tranquille où picorait des focs », allusion aux voiles triangulaires des bateaux qui égayent le bleu de la mer.
J’avais tort d’avoir laissé Sète de côté ! Mais commençons par le commencement : nous l’avons découverte de loin, c’est-à-dire de la rive opposée de l’étang de Thau, du côté de Bouzigues et de Marseillan. Là se trouve le paradis des ostréiculteurs : un kilomètre de cabanes à huîtres, posées moitié sur la rive, moitié sur l’eau.
On aperçoit au loin des rails d’acier dressés qui forment les parcs à huîtres. On se pose sur une large embarcation à pont plat, sur les eaux étales du Thau. Notre éleveur retire de l’eau les « poches » en mailles de filet et nous montre avec fierté ses bébés.
Il nous apprend (à moi en tout cas), que le grand prédateur des huîtres sont les dorades, qui cassent les coques en les mordant, et aspirent la chair tendre. Il nous apprend aussi (entre autres !) qu’une fois ouverte, il faut éliminer l’eau de l’huître parce qu’elle contient tout ce que le coquillage a rejeté lors de sa digestion : il suffit d’attendre quelques secondes, et il refera une nouvelle eau, qui sera bien plus pure et donc meilleure.
Au retour, nous passons évidement à la dégustation : moment inoubliable : des petites, des moyennes, des grosses, une énorme même, et quelques moules parquées, le tout arrosé du vin local, le Picpoul.
Le lendemain matin, en promenade dans la ville de Sète, nous dégustons une autre spécialité locale, la tielle : une sorte de petite tourte faite de pâte à pain et fourrée de poulpe à la sauce tomate, piments, ail, et d’autres secrets. Ensuite, direction les halles : c’est toujours un plaisir pour les yeux, mais à Sète c’est aussi un plaisir pour les oreilles d’entendre cette gouaille qui semble mêler l’occitan à l’italien. Il est vrai que la colonie italienne y est établie depuis longtemps, et que certaines rues ressemblent à celles de Naples, avec le linge séchant aux balcons. Apéritif et … huîtres gratinées, et il n’est encore que 10h du matin !
Embarquement dans un bateau de tourisme, pour faire le tour des canaux qui baignent la cité. Les ponts sont tellement bas qu’il faut parfois se coucher dans le bateau pour ne pas s’y fracasser la tête.
C’est spectaculaire : Sète est le premier port de pêche de la Méditerranée, et un lieu d’embarquement de car-ferries vers le Maroc. Sète est aussi le point de départ du Canal du Midi qui reliera la ville à Toulouse et Bordeau, permettant aux bateaux de l’époque d’éviter le tour de la péninsule ibérique.
Visite du bateau-phare : il est pour un an encore le lieu d’une exposition très vivante sur Georges Brassens, que l’on découvre dans sa vie privée. Et pour la compléter, une visite à l’espace Brassens s’impose !
Nos recommandations : le Grand Hôtel, en plein centre et le long du canal Royal : un hôtel classique doté d’un merveilleux patio central.
Et puis un large choix de restaurant le long des quais, tel le « The Marcel » qui ne sert que des spécialités régionales.
À suivre : Agde