« Sabotage, complot, naïveté… Comment peut-on se tromper de 4,2 milliards dans un budget ? »

Le budget de l’État fédéral a enfin été bouclé la veille de ce week-end. Un budget bouclé sans gloire et surtout après pas mal de tumultes et de grincements de dents au sein de la majorité gouvernementale, les uns claquant la porte et les autres ne voulant pas céder à une forme de chantage de la chaise vide.

Au final, le bébé est là, même si c’est après une véritable césarienne politique. Mais le fait qu’on soit arrivé à conclure un budget ne doit pas faire oublier que ce budget a été préparé au départ sur la base de chiffres faux et qu’ensuite, le « trou », je dirais même les « trous budgétaires » se sont succédé assez rapidement avant les discussions finales.

D’où la question légitime: comment peut-on se tromper de 4,2 milliards dans un budget ? Et il s’agit bien d’euros pas de francs belges. Si la question est simple, la réponse est hélas plus compliquée.

Du côté de l’administration fiscale, celle qui prépare les prévisions de recettes, on plaide non coupable. Leurs modèles mathématiques ne sont pas remis en cause, mais les prévisions sont plus compliquées à réaliser que par le passé, nous dit-on, notamment du côté de l’impôt des sociétés. D’autres, au contraire, n’en croient pas un mot et soupçonnent cette même administration de construire ses modèles économiques de façon à mettre en difficulté un gouvernement qui n’est pas de sa couleur politique…

C’est presque une accusation de « sabotage » qui ne s’affiche pas ouvertement, mais qui circule auprès de certains élus ou experts proches de ce gouvernement. L’accusation se fait en privé et hors caméra ou micro car après tout, un fonctionnaire est censé être neutre politiquement et au service du gouvernement, quelle que soit sa couleur politique. Pour le moment, cette hypothèse folle n’est heureusement pas fondée, et encore moins prouvée.

Même chose pour ceux qui pensent que si le ministre des Finances, qui est NV-A, se trompe si souvent dans ses chiffres, c’est parce qu’il a la volonté d’assécher l’État fédéral, de le rendre ingérable pour forcer les francophones à être demandeurs d’une séparation du pays. Là encore, c’est quelque chose qui relève plus de la théorie du complot que d’une réalité fondée ou démontrée.

« Trop d’impôt tue l’impôt », avait déjà expliqué l’économiste américain Arthur Laffer, il y a plus de 30 ans…

En revanche, c’est vrai que ce gouvernement a sûrement péché par naïveté. Un seul exemple: quand vous taxez plus les alcools et les spiritueux, les Belges, dont 40% d’entre eux vivent à 20 kilomètres d’une frontière, adaptent leur comportement et achètent leurs bouteilles au Luxembourg ou dans le nord de la France. C’est ce qui s’est passé.

Non seulement la hausse des accises n’a pas rapporté autant qu’espéré, mais en plus, comme les ventes ont diminué, les recettes de la TVA ont aussi baissé. Résultat: cette taxe, dite « taxe santé », n’est pas très bonne pour la santé du budget gouvernemental puisqu’elle a même coûté de l’argent !

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