La vraie question, la plus importante à se poser aujourd’hui après les attaques contre l’Arabie Saoudite, c’est de savoir si nous risquons une nouvelle guerre au Moyen-Orient? Soyons clairs : aucun expert au monde ne peut garantir qu’un éventuel débordement dans cette région du monde n’aura pas lieu.
Les plus pessimistes diront que la rapidité avec laquelle les autorités américaines ont dénoncé l’Iran montre que les Américains veulent en découdre avec cet ennemi de plus de 40 ans. D’ailleurs, les Iraniens, tout en démentant être à l’origine de l’attaque pétrolière de ce week-end, précisent que c’est un prétexte pour envahir leur pays.
Les plus férus d’histoire diront que les Etats-Unis n’ont pas le choix que d’entrer en guerre. Pourquoi ? Mais parce qu’il y a l’accord dit du Quincy, signé en 1945, et qui oblige l’Amérique à défendre l’Arabie Saoudite en cas d’attaque.
Le pacte du Quincy est nommé ainsi parce qu’il a été signé sur le croiseur militaire USS Quincy (CA-71) entre l’ancien président des États-Unis, Franklin Roosevelt, et le fondateur de l’Arabie Saoudite, le Roi Ibn Saoud. Le pacte est très clair : les Américains protègent le Royaume Wahhabite et en échange l’Arabie Saoudite s’engage à assurer un flot de pétrole à son protecteur. Depuis 1945, ce pacte du Quincy n’a jamais été dénoncé.
Les plus optimistes diront que Donald Trump, aussi instable qu’il semble être, n’a pas envie d’une nouvelle guerre. D’abord, parce qu’il vient de licencier John Bolton, son ancien conseiller à la sécurité qui voulait l’entrainer à tout prix dans une guerre avec l’Iran. Ensuite, parce qu’en juin dernier, suite à une destruction d’un drone américain par l’Iran, Donald Trump après avoir envisagé de riposter, s’est abstenu pour éviter que 150 civils ne perdent la vie dans le cadre de cette riposte.
Par ailleurs, n’oublions pas que Trump a fait campagne, et fait encore campagne pour sa réélection, en répétant ad nauseam qu’il veut mettre fin aux guerres dans lesquelles les Etats-Unis étaient déjà engagés. Et puis, en ce moment Donald Trump a d’autres conflits à solder, à savoir un retrait de ses troupes d’Afghanistan et une guerre froide avec la Chine.
Bref, personne ne sait ce qui va se passer et les pessimistes ont autant d’arguments à proposer que les optimistes. En revanche, ce qui est sûr, c’est que les Américains ne sont pas très fiers de ce weekend. La raison ? Que ce soit des drones ou mêmes des missiles qui sont à l’origine de ces attaques, peu importe, cela démontre que la défense aérienne saoudienne est ridiculement faible. Mais comment est-ce possible ?
L’Arabie saoudite n’est-elle pas le 3ème pays au monde à dépenser le plus pour son armée après les États-Unis et la Chine ? Le « hic », c’est que sa technologie de défense est largement fournie par l’armée américaine. Au Kremlin, Poutine doit esquisser un très large sourire pendant que les généraux du Pentagone râlent à mort.
Mais le pire est ailleurs : que cela soit les insurgés yéménites ou leurs parrains iraniens qui sont à l’origine de l’attaque, la destruction de la moitié de la production pétrolière saoudienne démontre la puissance de la guerre « asymétrique ». Les Russes ont conceptualisé cette nouvelle forme de guerre qui met le plus faible militairement (Yémen, Iran) face au plus fort (Arabie saoudite, USA).
L’idée conceptualisée par les Russes n’est pas nouvelle, elle consiste à harceler l’adversaire plutôt que de l’affronter. Les talibans afghans le font depuis 17 ans avec les Etats-Unis, les terroristes islamistes ont semé la terreur en Europe pour décourager l’ennemi de rester au Moyen-Orient, les Russes ont même ajouté le harcèlement électronique (cyberguerre) à la panoplie de la guerre asymétrique.
Et pour les distraits, mes confrères de France-Info rappellent que Boris Johnson est aussi un adapte de la guerre asymétrique… psychologique. Car que dit-il pour le Brexit ? « Soit vous acceptez notre offre, soit on se quitte le 31 octobre sans accord ». N’oublions pas qu’un Brexit sans accord fera plus de dégâts économiques en Belgique que les attaques de ce weekend. Boris n’est pas un Mollah, mais…