Aucune frontière ne semble marquer le passage vers le Vietnam depuis le Cambodge quand on choisit la formule d’une croisière sur le Mékong. Il est même anodin avec un simple vis-à-vis entre le fortin jaune des policiers vietnamiens et la pagode rose du poste cambodgien.
Un petit bateau à moteur surgit en vrombissant pour ramener le sac à dos diplomatique contenant tous les passeports des passagers et autres papiers de bord tamponnés par les administrations. Et pourtant tout a changé déjà. Le fleuve s’est élargi et il est parsemé d’îlots de rizières d’un vert tendre et de bateaux dragueurs de sable des fonds du fleuve dont les barges chargées à ras des flots inondent même la proue quand elle fend l’eau.
Ce va et vient incessant de montagnes de sable ne cessera de nous accompagner jusque Hô-Chí-Minh Ville, un trafic qui rend la navigation difficile quand on emprunte l’étroit canal Cho Gao.
Quelques rares pêcheurs se faufilent péniblement entre les chalands et notre bateau qui créent des mouvements de vagues qui les font tanguer dangereusement.
Très rapidement on réalise que le cours du Mékong jusque-là plutôt ample et clair devient dédale aquatique, multipliant des bras qui eux-mêmes se perdent en canaux tous exploités par des entreprises piscicoles (il y en aurait près de 3000 !) ou agricoles.
Les jardins du Mékong
C’est que le delta en plus d’être un vivier géant est un luxuriant jardin horticole, entre rizières mais aussi plants de maïs, de cannes à sucre, de piments , de haricots, de patates douces sans oublier la luxuriance des vergers d’ananas, de manguiers, de cocotiers, de longaniers, de pamplemoussiers, de durians, de caramboliers, de jaquiers, de papayers, etc…
La promenade sur les chemins de l’île Binh Hoa Phuoc permet de découvrir des micro-villages où se succèdent de belles maisons traditionnelles en bois sur pilotis et de nouvelles villas cossues en pierre.
Incontournable aussi, le marché de Sa Dec, cette ville bien connue pour y avoir abrité les amours de Marguerite Duras et de l’Amant.
D’un côté, à l’abri dans un vaste hangar, des hommes s’affairent, grossistes en fruits et légumes ; de l’autre, des paysannes sont accroupies à même le sol, à côté de leurs palanches encore chargées des produits de leurs fermes. Quand on se penche vers les étals, on s’étonne de ces pratiques quelque peu barbares qui assurent pourtant la fraîcheur de l’animal abattu sur place, nettoyé et découpé à la demande.
Mais c’est l’ambiance qui nous emporte, très colorée et bavarde, bien loin des petites boutiques cambodgiennes ouvertes devant la maison de leurs propriétaires souvent vêtues de couleurs sombres.
Ici, dans ces passages étroits bondés de paniers chargés de légumes variés et de fruits mûrs, on assiste au ballet des chapeaux coniques retenus sous le menton par un ruban coloré qui virevoltent au rythme des conversations ou de la déambulation des acheteuses vêtues de pantalons légers et de blouses plus fleuries les unes que les autres.
Des voix s’entrechoquent dans une cacophonie de discussions et de rires rythmée par les klaxons des scooters qui zigzaguent entre les passants avec plus ou moins d’agilité. Sous la houlette de notre guide cette balade devient une véritable leçon de choses sur un art de vivre bien éloigné du nôtre.
Terminus, Hô-Chí-Minh-Ville
Poumon économique du pays, la ville apparaît d’emblée comme une cité frénétique et entreprenante d’autant que la circulation y est dantesque. 9 millions d’habitants et 6 millions de motos, soit une ronde infernale chaotique, un concert de klaxons incessant et une pollution avérée qui amènent les conducteurs à circuler avec un masque sur le visage.
Si l’horizon est barré par des tours de verre modernes, le cœur historique de la ville a conservé son magnétisme, entre boutiques de luxe qui bordent l’ancienne rue Catinat et quelques vestiges bien conservés de l’époque coloniale française comme l’hôtel Majestic et l’hôtel Continental.
La cathédrale Notre-Dame, construite dans un style néo-roman, toute en briques rouges importées directement de Toulouse, dresse ses clochers de 40m de haut face à la poste centrale, une des perles de l’architecture coloniale française, avec sa charpente métallique imaginée par Eiffel qui lui donne l’allure d’une gare ferroviaire.
A l’inverse, Cholon, cette ancienne enclave chinoise en terre vietnamienne, a conservé intacte son originalité.
Des idéogrammes illisibles, de sombres boutiques envahissant les trottoirs pour y vendre d’insolites herbes, racines et écorces médicinales, un marché couvert grouillant et populaire qui expose un improbable bazar et de nombreuses gargotes pour manger sur le pouce. Cholon c’est aussi le lieu de toutes les congrégations où temples et pagodes pittoresques s’y multiplient.
Dans le Temple Thien Hau dédié à la déesse de la mer, on reste impressionné par la quantité de bandelettes rouges qui font figure d’ex-votos et qui rappellent l’épopée des boat-people.
Plus étrange encore, le temple coloré voire même kitch de Cao Dai, une nouvelle religion créée en 1925 qui se veut une réconciliation entre le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme et le christianisme, l’occasion de découvrir que les fidèles y honorent des personnalités insolites comme Victor Hugo, Jeanne d’Arc ou Churchill !
La dernière soirée sur l’Indochine II amarré non loin du pôle touristique nous offre un point de vue unique sur la ville qui s’illumine de mille feux après avoir été le théâtre des ballets de cerfs-volants sur la rive opposée. Même à quai, l’effervescence de la capitale nous accompagne avec le va et vient quelque peu assourdissant de bateaux-restaurants-bars aux formes insolites sous les lampions. Pas besoin de quitter notre bateau pour deviner que Hô-Chí-Minh-Ville ne dort guère…
Nous avons voyagé avec le RV Indochine II, dernier né de la flotte de CroisiEurope sur le Mékong inauguré en septembre 2017 : 31 cabines spacieuses de 18 m2, toutes avec un balcon privatif, réparties sur 2 ponts, confort assuré, de quoi vivre une croisière de charme tout en multipliant des expériences inoubliables www.croisieurope.com
Nous avons choisi l’accompagnement de Croisières d’exception qui avait chartérisé le bateau, ce qui offre en sus du voyage rythmé par les excursions de CroisiEurope une série de conférences de haute qualité qui aident à décoder les réalités historiques, culturelles et géopolitiques du Cambodge www.croisieres-exception.fr . |