Une société détient 81% de Wamos, qui vient de racheter 61 bureaux de Neckermann : c’est Springwater Capital. Et qui est Springwater Capital ? C’est une société dirigée par Martin Gruschka, à propos duquel un journal suisse s’interrogeait : « Redresseur d’entreprises ou escroc international ? ». Ou encore le journal Le Monde, il y a un an : « Manager hors normes ou nouveau Bernard Madoff ?»
L’homme a multiplié les faillites, ce qui, reconnaissons-le, ne peut arriver qu’à ceux qui entreprennent. Mais quand plusieurs faillites sont suspectées d’être frauduleuses, on commence à se poser des questions.
Ancien résident genevois d’origine allemande, Martin Gruschka s’est fait connaître comme exploitant d’un cinéma « de luxe », l’Astor Film Lounge à Genève, sous l’égide de la société Premium Entertainment Switzerland (PES) : « service voiturier, accueil personnalisé avec un cocktail offert, 81 sièges en cuir inclinables ou encore restauration avec service à son siège (foie gras, champagne, etc.). Il s’agit de redonner le goût du cinéma à une clientèle équipée de home cinéma à domicile. »
Le 22 février 2012, l’Astor ferme ses portes et la faillite de la société d’exploitation est prononcée. Manque de chance, mauvais positionnement ? Son gérant, Martin Gruschka, explique alors dans la Tribune de Genève que « les investissements et les frais liés à la transformation, la rénovation et le lancement de la salle ont été significativement plus élevés que prévu. Ils ont conduit à un surendettement de la société ». Était-ce bien raisonnable d’investir 2,5 millions de francs suisses dans une salle de 81 fauteuils ? Sans parler du personnel pléthorique : 18 personnes, dont un directeur, une sous-directrice, trois barmen, un voiturier, des hôtesses d’accueil, une femme pour le vestiaire, etc.
Parmi les principaux perdants de l’opération, outre le personnel, figurent les propriétaires des murs, Jacques et Philippe de Saussure. En effet, ceux-ci auraient débloqué 750.000 francs suisses pour contribuer à la transformation. Mal récompensés, ils se sont retrouvés avec dix-huit mois de loyers impayés et une garantie fantôme.
Quelques mois avant que la société Premium Entertainment Switzerland (PES) ne soit mise en faillite à Genève, Martin Gruschka aurait utilisé une partie des actifs du cinéma Astor, notamment du cash encaissé, pour racheter la société exploitant le cinéma Capitole à Nyon. L’exploitation du cinéma de Nyon a été transférée de PES à une structure sise au Luxembourg, Springwater Capital (SWC).
Outre l’Astor Film Lounge, le nom de Martin Gruschka apparaît aussi dans une autre affaire qui s’est également terminée par une faillite : Golden Caravan.
Cette structure a organisé d’août 2009 à mars 2011 des ventes itinérantes durant trois jours en Suisse (à Zurich, Genève et Lausanne) et en Europe (Paris et Munich) de vêtements d’une quarantaine de marques différentes, en proposant des rabais allant de 20 à 80%. Le Tribunal de première instance de Genève a mis cette société en faillite le 1er octobre 2012.
A noter que Springwater Property Investment Holdings au Luxembourg avait entre-temps cédé ses parts à Golden Group, société domiciliée également au Luxembourg.
Les bureaux de représentation de Springwater Capital à Nyon et Luxembourg existent pour des raisons administratives et réglementaires, les bureaux de représentation à Madrid et Bruxelles pour la gestion et le conseil liés aux sociétés en portefeuille.
SWC gère des placements pour le compte de plus de 30 investisseurs
Martin Gruschka déclare que «SWC a structuré un total de 30 investissements lors de situations spéciales, telles que des sociétés en difficulté ou des divisions de grands groupes. Nous avons sauvé et créé des milliers d’emplois en Europe. Même si certaines situations s’avèrent parfois irrécupérables. »
Donc, si nous comprenons bien, puisque Springwater Capital a investi dans l’opérateur Wamos, c’est que celui-ci était en difficultés. Ce qui peut arriver. Et on peut aussi espérer que cette fois, le management a bien fait son travail, et que Wamos s’en trouve renforcé. Et par conséquent que Neckermann est entre de bonnes mains. On peut l’espérer…