Deux phénomènes majeurs se combinent aujourd’hui pour transformer la carte du tourisme mondial : le réchauffement climatique et le surtourisme. L’un et l’autre contribuent, de plus en plus, à modifier – à un rythme et des niveaux toutefois difficiles à appréhender – la fréquentation des lieux touristiques, en fonction des horaires, des saisons, de la géographie et du climat…
Ainsi devrait croitre l’intérêt des touristes pour des destinations situées dans des régions où il fait moins chaud en été, par exemple le nord de l’Europe, comme en témoigne déjà la forte hausse des réservations pour le Danemark constaté chez TUI Belgium cet été.
Les réponses de Bard (Google) et ChapGPT
Les raisons des rejets de certains lieux touristiques sont diverses, et pas seulement liées à la surfréquentation, comme le soulignent régulièrement des petites enquêtes portant sur les sites touristiques les plus décevants.
Ainsi, L’Echo Touristique a sollicité Bard (Google), le concurrent de ChatGPT enrichi depuis peu d’une version française, afin de savoir quelles étaient, selon lui, les pires destinations touristiques dans le monde ? Son top 5 peut surprendre, avec Las Vegas, Pattaya, Cancún, les chutes du Niagara et Times Square. L’occasion de comparer ses résultats avec ceux du classement établi il y a quelques semaines par ChatGPT, interrogé par Holidu qui a demandé la liste des « pires » destinations européennes, sur la base de l’expérience des voyageurs, et obtenu comme réponses Naples, Tirana, Minsk, Bucarest, Belgrade, Belfast, Athènes, Riga, Sofia, et Chisinau.
Notre confrère du groupe Eventiz a ensuite demandé à l’IA d’OpenAI quelles étaient les pires destinations en Europe ? Les résultats diffèrent de nouveau, avec Athènes, Prague, Ibiza, Venise, Paris, Amsterdam et Santorin.
En décembre dernier, une autre enquête assez détaillée a été menée par l’équipe britannique de KBS, basée celle-là sur les notes moyennes (indice de déception) attribuées sur Tripadvisor, passant au crible 85 villes touristiques tout en mettant particulièrement l’accent sur les sites les plus déceptifs. Le Top 10 ne manque pas lui aussi de surprendre. Bangkok (Khaosan Road) apparait comme le lieu le plus décevant, devant Antalya (Water Planet Aqua Park), Singapour (Orchard Road), Munich (Deutsches Museum), Rimini (Fiabilandia Amusement Park), Miami (Calle Ocho at Little Havana), Bombay (Juhu Beach), Londres (London Eye), Paris (Montmartre) et Tokyo (Hachiko au croisement de Shibuya).
Le Manneken Pis et la Petite Sirène très déceptifs
En 2019, la compagnie easyJet avait elle aussi réalisé un sondage, auprès de 2.000 Britanniques âgés de 18 à 65 ans, pour savoir quelles étaient là encore les attractions touristiques les plus décevantes. La Joconde du grand Léonard (Paris) décroche cette timbale peu enviable, devant Checkpoint Charlie à Berlin et… notre Manneken Pis (qui ne vaudrait pas le détour pour 80% des personnes interrogées…). Lequel précède Le Moulin Rouge, la statue de la Petite Sirène à Copenhague, la tour Eiffel, la Place d’Espagne à Rome, la fontaine de Trevi, le Louvre et la Tour de Pise… Bref, toutes les destinations touristiques majeures en prennent pour leur grade.
Mais les raisons du désamour diffèrent. Pour Mona Lisa, on peut penser qu’il y a trop de monde et qu’on peine à voir le tableau. On peut en revanche trouver de multiples raisons de critiquer Montmartre, en fait surtout la place du Tertre, avec ses boutiques pour touristes, ses prix élevés et une certaine insécurité… Pour Check Point Charly on peut avancer comme explication qu’il s’agit d’un pré-fabriqué sans intérêt autre que le symbole. Et l’on prendra peu de risques en considérant leur petite taille comme élément déceptif du Manneken Pis comme de la Petite Sirène.
Difficile pourtant de réduire Paris, Rome, Venise, Londres, Bruxelles ou Berlin, à quelques sites iconiques qui décoivent. On peut en revanche se montrer volontiers plus critique à l’égard de villes telles Singapour, Cancun ou Munich, et noter que les termes qui reviennent dans le sondage – « sans beaucoup de charme », « sans attraction majeure », «surcotées »…- témoignent peut-être d’une attractivité touristique insuffisante…