Le coup est rude et pas vraiment attendu ce jeudi matin sur le plateau de Gosselies ! Dans une interview publiée dans les colonnes de nos confrères de l’Echo, Jean-Luc Crucq, ministre wallon (et libéral) en charge des aéroports régionaux, dit attendre pour septembre le nouveau business plan de Charleroi Airport.
Il est vrai que via la Sowaer, La Wallonie est l’actionnaire majoritaire de cette plate-forme aéroportuaire.
A ce titre, il est donc normal que le ministre attende du management qu’il se bouge par rapport à la nouvelle situation provoquée par la terrible crise sanitaire que nous traversons.
Vingt millions de perte !
Les données chiffrées sont claires : l’aéroport carolo a tourné en juillet à moins de la moitié de ses capacités et août ne devrait pas être fort différent.
Dans le même temps, Filip Verdonck, le CEO de Charleroi Airport, annonce, « si on ne fait rien », que la perte nette de l’exercice en cours sera de l’ordre de 20 millions EUR.
Du jamais vu sur les bords de Sambre !
« Si on ne fait rien ». Et cela, faut-il le rappeler, sans acquitter (cette année) la redevance annuelle de quelque 15 millions EUR, imposée par l’Europe à La Wallonie pour la mise à disposition de l’infrastructure.
« Si on ne fait rien » déclarait récemment le patron de la plate-forme carolo. Aujourd’hui, rien ne peut être espéré du côté des compagnies aériennes clientes.
Que du contraire !
O’Leary / Crucq, même combat ! Ryanair, qui assure encore, malgré ses sensibles réductions de vols, près de 80% du trafic à Gosselies, n’est NULLEMENT disposé à relever les taxes et autres redevances pour l’aéroport.
Une brève tentative dans ce sens en juillet dernier a tourné court après 10 minutes, les Irlandais, offensifs, demandant d’abord à Charleroi Airport de se « reconfigurer » pour réduire ses coûts par rapport à la crise.
O’Leary, n°1 de Ryanair, demande en fait à l’aéroport exactement la même chose que Jean-Luc Crucq ! A ce jour, Charleroi Airport n’a pris aucune décision das un sens ou dans un autre.
L’effectif, en tournante via un chômage « corona » (jusqu’à fin août et après ?), est toujours là au grand complet, comme si plus de 8 millions de passagers allaient passer par la plate-forme en 2020 !
En attendant…2024
Visiblement incompréhensible pour le ministre Crucq qui exige aujourd’hui, par voie de presse, que des décisions soient préparées et prises !
Même si la trésorerie de l’aéroport, de plus en plus plus plate, peut tenir encore jusqu’à la fin de l’année.
Le ministre, comme il l’avait déjà dit il y a plusieurs semaines, se dit prêt à, éventuellement, céder quelques actifs de la Région (le nouveau terminal par exemple) pour consolider les capacités financières de l’aéroport et lui garantir ainsi des facilités d’emprunt.
Mais le Hennuyer attend (légitimement) plus, soit une véritable stratégie sur les quatre années qui viennent puisque le secteur, selon les spécialistes-prévisionnistes du secteur, n’attend pas un retour à la normale avant …2024 !
Quatre ans à tenir mais dans une configuration aéroportuaire carolo qui, nécessairement, ne peut plus être la même qu’aujourd’hui.