Accueil LES CHRONIQUEURS La chronique d'Amid Faljaoui Quel est le lien entre le coronavirus, les réseaux (a)sociaux, un couteau...

Quel est le lien entre le coronavirus, les réseaux (a)sociaux, un couteau et la liberté d’expression ?

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Je dis souvent à mes amis que les réseaux sociaux devraient être rebaptisés réseaux asociaux tant ils causent de tort à notre vivre ensemble. Cela les fait rire, mais j’ai pourtant tort… Les réseaux sociaux ne sont ni bons ni mauvais, ils sont neutres. Ils sont comme un couteau : il peut servir à beurrer votre tartine ou à égorger votre voisin de palier. Le couteau est neutre, c’est son utilisation qui ne l’est pas, c’est l’humain qui en fait un ange ou un instrument du diable.

Et la meilleure preuve de ce que j’avance est, hélas, le traitement actuel de cette grave crise d’épidémie de coronavirus. J’ai reçu, hier, par WhatsApp, d’une amie vivant à l’étranger, un tweet émanant d’un milliardaire chinois qui dit qu’en Chine, la réalité est que 1.200 corps sont incinérés chaque jour, et qu’il y a plus de 50.000 morts à ce jour… Je ne me fais aucune illusion sur les statistiques officielles chinoises (on sait que ce gouvernement est habitué à manipuler les chiffres) mais ce n’est pas une raison pour gober d’autres salades !

Il suffit de taper le nom de ce milliardaire chinois pour découvrir qu’il est en exil, qu’il est un opposant du régime actuel, et que ses propos ne sont absolument pas vérifiés, pour ne pas dire qu’ils sont exagérés. Sans compter que s’ils sont pris à la lettre, ils n’auront qu’un but : ajouter de la panique à la peur qui sévit déjà actuellement.

Voilà pour l’aspect négatif des réseaux sociaux, qui méritent dans ce cas d’être nommés asociaux, mais dans la même foulée, je lisais les propos de Tyler Cowen, un brillant économiste américain. Il dit que la crise du coronavirus est tellement grave qu’elle a de fortes chances de libérer la parole en Chine. En effet, même si le régime communiste chinois censure les propos de ses citoyens, la parole pourrait se libérer : lorsque votre peur pour votre santé est au maximum, la peur de la censure semble ridicule et donc effectivement la parole se libère en ce moment en Chine.

Les citoyens n’hésitent plus à blâmer les autorités locales. D’ailleurs le jeune médecin de 34 ans, qui a dévoilé le premier le danger du coronavirus avant d’être censuré et puis de mourir, est aujourd’hui devenu un symbole de la liberté en Chine. Un groupe d’intellectuels chinois a d’ailleurs rédigé une lettre ouverte au parti communiste de leur pays pour exiger plus de liberté d’expression.

Comme nous sommes dans un monde mondialisé, que les flux économiques avec la Chine sont primordiaux, notre sécurité et notre avenir – ici en Europe – dépendent aussi de cette liberté d’expression. Le coronavirus nous démontre chaque jour que ce qui nous lie est plus fort que ce qui nous sépare : la liberté de parole du Chinois de demain sera un gage de bonne santé de l’Européen de demain.

A un moment où 400 millions de personnes sont peu ou prou mises en quarantaine en Chine (chose jamais vue dans l’histoire humaine) ce rappel de bon sens nous rappelle l’importance de notre humanité, de notre solidarité forcée.

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