Les temps sont difficiles pour les musées ou autres centres culturels dépendant de la Fédération Wallonie Bruxelles. C’est un véritable cri d’alarme qu’a poussé, à la veille de ce week-end, le Centre d’art de la céramique Keramis à La Louvière, organisme culturel ouvert depuis 2015 au plein cœur de la La Louvière, là où s’élevait jadis la vénérable faïencerie Boch.
Hébergé dans un bâtiment neuf construit par la Communauté française (11 millions d’investissement wallo-européens !) aux portes de la 5ème ville de Wallonie, Keramis voit, d’année en année, ses budgets de fonctionnement rabotés au point aujourd’hui de compromettre l’existence même de cette institution culturelle !
Ainsi, Keramis , qui a accueilli près de 13.000 visiteurs l’an dernier (soit une hausse de 30% d’un an à l’autre) vient d’être averti qu’il ne disposera plus d’une enveloppe de fonctionnement pendant ces trois prochaines années ramenée à 340.000 EUR.
Sa demande d’émarger dans la catégorie A des musées de la Fédération lui a été refusée pour des raisons d’ailleurs violemment contestées par les dirigeants de Keramis.
Selon son directeur Ludovic Reccia, les besoins de fonctionnement annuel d’un centre d’art de ce type sont de l’ordre de….840.000 EUR !
Ouverture limitée
A La Louvière, on n’accepte pas cette décision de la Fédération Wallonie Bruxelles qui aura, irrémédiablement, des conséquences directes sur le fonctionnement de Keramis.
Réuni à la veille de ce week-end, les administrateurs de ce centre de la céramique unique en Belgique par l’ampleur de ses collections mais aussi ses initiatives en matière de création (artistes en résidence, …), ses publications et ses expositions originales dans son domaine, ont été contraints de prendre des décisions douloureuses « pour éviter la faillite » soutient Ludovic Reccia.
Ainsi, le personnel sera, à titre conservatoire, réduit de 2,5 équivalent temps plein (ETP) avec effet fin août prochain. Ce qui veut dire que Keramis ne tournera plus à l’avenir qu’avec une équipe réduite de 6 ETP !
Cette contraction de l’effectif aura pour conséquence aussi une ouverture au public du centre louviérois de la céramique qui, dès septembre prochain, sera limitée aux après-midi (14 à 18H). Par ailleurs, la programmation des expositions temporaires est suspendue.
Pétition de soutien
« Dans ces conditions, nous ne fêterons pas le 4ème anniversaire de l’ouverture de Keramis » annonce Fabienne Capot, présidente du conseil d’administration de cette institution culturelle louviéroise.
Quant à son directeur Ludovic Reccia, par ailleurs conservateur des collections de porcelaine au Musée de Mariemont, il ne peut que déplorer les « conditions de survie » de Keramis et s’étonner, publiquement, du sort funeste réservé par la Communauté française à un de ses propres centres culturels !
Au passage, Reccia signale que jamais aucun ministre de la Communauté française en charge de la politique muséale n’a pris la peine de venir visiter Keramis depuis l’ouverture du centre d’art en 2015 !
Signalons enfin qu’une pétition a été lancée tout récemment pour tenter de sauver Keramis, cette initiative ayant déjà récolté plusieurs milliers de signatures, bien au-delà de la région du Centre.