«Que se serait-il passé si la BCE n’avait pas baissé les taux à 0%… ?»

La politique des taux d’intérêt à 0% ne fait pas que des heureux. Comme vous le savez, si votre épargne ne rapporte plus grand-chose aujourd’hui, ce n’est pas à cause de la pingrerie de votre banquier…

Si l’épargne ne rapporte plus, c’est à cause des Banques centrales qui aident nos gouvernements à se redresser des conséquences de la crise financière qui a éclaté en 2008. Et pour les y aider, les taux d’intérêt ont été fixés artificiellement à 0%. Le but premier est de pousser les consommateurs à consommer, et donc à ne pas épargner.

Le deuxième but est d’inciter les entrepreneurs à investir, vu qu’ils peuvent emprunter à bon marché pour leurs projets, ce qui devrait booster l’économie. Et le troisième est de donner un peu d’oxygène aux États. Comme les taux sont bas, les États endettés peuvent plus facilement rembourser leurs dettes publiques.

Malheureusement, cette politique tarde à donner ses fruits. Le chômage en Europe reste encore très élevé et la croissance trop faible. Raison pour laquelle, maintenant, de plus en plus d’économistes, mais aussi des politiques, critiquent la BCE. Ils pensent, et le disent d’ailleurs tout haut aujourd’hui, que la politique des taux d’intérêt bas est un échec et qu’elle a même creusé les inégalités.

Récemment encore, Theresa May, la numéro un du gouvernement britannique, a bien résumé la situation: les citoyens qui ont des actifs sont aujourd’hui plus riches qu’hier. Les citoyens qui n’ont pas d’actifs souffrent davantage. Les citoyens qui ont la chance de pouvoir accéder à un emprunt hypothécaire empruntent à des taux ridicules. Et les citoyens qui ont de l’épargne sur un compte bancaire se retrouvent plus pauvres aujourd’hui qu’hier.

« Draghi estime que s’il n’avait rien fait, la situation serait pire. Difficile évidemment de lui prouver le contraire… »

Voilà un résumé assez sanglant de la nouvelle carte de l’inégalité que n’apprécie pas du tout Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. Il estime avoir fait son boulot en fixant les taux d’intérêt à un niveau artificiellement bas et que c’est aux gouvernements nationaux à faire le reste. Mieux encore, il pense que s’il n’avait rien fait, la situation serait pire encore pour les citoyens. Difficile évidemment de lui prouver le contraire…

Cela me fait penser à cette question posée à l’écrivain américain Gore Vidal par un journaliste. Ce dernier lui demandait ce qui se serait passé si c’était Kroutchev qui avait été assassiné et non pas John Kennedy. Vidal a réfléchi quelques secondes avant de dire au journaliste: vous savez, en matière d’Histoire, il est toujours difficile de dire ce qui se serait passé si tel événement n’avait pas eu lieu. Mais je suis sûr d’une chose, M. Onassis n’aurait pas épousé Mme Kroutchev !

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