Notre chroniqueur économique nous explique comment une réplique culte de Jean-Paul Belmondo est en train de changer l’attitude du gouvernement italien dans son bras de fer avec la commission européenne.
Je ne sais pas si vous vous souvenez de cette réplique culte de Michel Audiard dans la bouche de Jean-Paul Belmondo dans le film 100.000 dollars au soleil : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent ».
Le gouvernement italien a découvert ce lundi cette phrase culte. L’Italie, c’est le gars de 60 kilos et le type de 130 kilos, ce sont les marchés financiers.
Vous savez que depuis plusieurs semaines, il y a un bras de fer entre la Commission européenne et l’Italie.
La Commission européenne reproche à l’Italie de ne pas respecter les règles européennes et de venir avec un déficit budgétaire de 2.4% pour 2019, soit un chiffre beaucoup trop élevé. Et donc l’Europe a demandé à l’Italie de revoir sa copie.
De son côté, l’Italie fait la sourde oreille. Le porte-parole de son gouvernement, très matamore, a même expliqué que le gouvernement défendait les citoyens et pas les chiffres.
C’est beau comme réponse, mais le discours n’a pas tenu très longtemps, et alors que le gouvernement italien a dit plusieurs fois qu’il ne reculerait pas d’un centimètre, voilà que depuis ce lundi, il a annoncé qu’après tout, un déficit un peu plus faible, ce n’est pas si grave que cela si cela peut tranquilliser la Commission européenne.
En réalité, le chef du gouvernement italien a eu une discussion avec Jean-Claude Junker, le président de la Commission européenne, qui a sans doute eu les mots qu’il faut pour le ramener à la raison.
En fait, ce n’est pas très difficile, depuis que le bras de fer a commencé avec l’Italie, les taux d’intérêt ont augmenté fortement. A tel point qu’avec une dette publique de 130% du PIB, cela devient dangereux pour l’Italie de rembourser sa dette.
« Les marchés financiers sont en train de mettre au pas le gouvernement italien »
En effet, comme les marchés financiers – le fameux gars de 130 kilos – n’ont pas confiance dans le budget italien, ils exigent des taux plus élevés pour acheter de la dette publique italienne.
Et le problème, c’est que l’Italie a besoin des marchés financiers pour se financer, elle a besoin de lever entre 250 et 260 milliards d’euros en 2019, et c’est pas rien.
L’autre élément qui a fait changer d’avis la coalition au pouvoir, c’est qu’ils ont proposé aux Italiens d’acheter des obligations citoyennes pour soutenir leur politique.
Belle idée sur le papier, mais très beau flop en pratique. Les Italiens ont boudé en masse cet appel.
Et puis, ne l’oublions pas, ce gouvernement dit qu’il défend les citoyens italiens, mais si les taux d’intérêt augmentent trop, les banques italiennes qui détiennent 28% de la dette publique boiront la tasse, le crédit ne se fera plus, donc les entreprises seront prises à la gorge, et elles devront licencier.
Bref, c’est le contraire d’une politique pro-citoyen! Et quant aux amis politiques en Hongrie et en Autriche, ils ont beau partager le côté nationaliste du gouvernement italien, il n’empêche qu’ils ne sont pas d’accord avec le budget italien.
Bref, les marchés financiers sont en train de mettre au pas le gouvernement italien. Ce dernier a reculé une première fois ce lundi, mais les marchés financiers attendent encore plus de sa part au cours des prochains jours ou semaines. On verra bien si la réplique culte de Michel Audiard se vérifie ou pas pour l’Italie.