Quand les Pandora Papers cachent le plumage silencieux de la classe moyenne

Les médias ont beaucoup parlé ces derniers jours des fameux Pandora Papers. Vous savez, c’est cette liste de personnalités célèbres et moins célèbres qui ont planqué tout ou partie de leurs avoirs financiers dans des paradis fiscaux.

Les médias adorent jouer à ce jeu de la transparence. C’est un feuilleton qui leur permet d’égrener, jour après jour, le nom d’un monarque, d’un Premier ministre d’un pays exotique ou d’un sportif de haut niveau… Tout est mélangé, faute d’y voir clair, entre vraie fraude fiscale et optimisation fiscale légale. Mais bon, les citoyens cliquent sur ce genre d’article pensant naïvement qu’il y a une justice divine qui va rendre gorge à ces méchants riches.

C’est bon pour l’audience des médias en question, mais passé l’orage médiatique, les caisses de l’État continuent souvent à crier famine. Car il y a une grande règle en fiscalité : les États utilisent les riches comme des gris-gris en les critiquant sur la place publique, mais à l’arrivée, ils finissent souvent par taxer les plus pauvres. Les pauvres n’étant pas seulement la classe populaire, mais aussi la classe moyenne. Mais pour arriver à taxer les plus pauvres, il faut le faire en silence. Colbert, l’ancien ministre des Finances de Louis XIV l’avait déjà dit et je le cite : « l’art de l’imposition consiste à plumer l’oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris ».

C’est exactement ce qui se fait en Belgique. Par exemple, savez-vous qu’aujourd’hui, les banques sont obligées de communiquer au PCC (je vous rassure ce n’est pas l’acronyme de Parti Communiste Chinois mais Point de Contact Central de la Banque Nationale) tous nos numéros de compte. Et d’ici la fin 2022 – demain donc-, ces mêmes banques devront communiquer les soldes des comptes bancaires à ce Point de Contact Central. Si vous ajoutez à cela

    • que les administrations fiscales européennes s’échangent les informations notamment sur les comptes bancaires détenus à l’étranger,
    • le cadastre immobilier (qui, c’est vrai, existe déjà de longue date),
    • que l’on devra aussi désormais dévoiler les revenus immobiliers – fictifs ou réels – des biens détenus à l’étranger,
    • le fameux registre UBO qui renseigne si nous sommes actionnaires ou non d’une société,

on peut dire sans exagérer que le citoyen belge est nu comme un ver de terre face au fisc.

Et si vous ajoutez encore à ça, le fait qu’il est n’est plus possible de faire un paiement en cash au-delà de 3.000 €, que les banques et quelques professions libérales sont priées de nous dénoncer en cas d’opération dite suspecte, et qu’en plus le fisc n’hésite plus à regarder nos photos de vacances ou nos biens immobiliers sur les réseaux sociaux, dire qu’on est nu n’est pas exagéré comme formule.

Les uns diront que c’est normal si on n’a rien à se reprocher, il n’y a rien à craindre. D’autres diront qu’avec le tabac et l’alcool, l’administration fiscale est la plus grande blanchisseuse «d’argent sale» de notre époque et n’a donc pas de leçon de morale à donner. Et d’autres encore diront que les riches vont encore s’en tirer sous prétexte que « le piston ne marche qu’avec les huiles » . Et d’autres enfin s’excuseront en se disant que « le fraudeur fiscal n’est qu’un contribuable qui s’obstine à vouloir garder un peu d’argent pour son propre usage » comme le disait Philippe Bouvard. A vous de choisir votre camp, camarades !

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