Quand les Bourses prennent le programme économique de Trump pour argent comptant

Donald Trump fait exploser les Bourses de joie, elles filent de record en record. Pourtant, le programme de Trump a une faille importante : pour le financer, il faudra que les taux d’intérêt augmentent . Et si les taux augmentent trop vite, nous aurons un krach obligataire. Mais de cela, la Bourse ne veut pas entendre parler, elle prend le cadeau Trump sans voir qu’il y a un détonateur dedans.

En cette fin d’année, les Bourses ont décidé de prendre pour argent comptant le programme économique de Donald Trump et de ne se focaliser que sur ses aspects positifs. Le fait de baisser les impôts est en effet généralement une bonne chose pour l’économie. Son vaste plan de modernisation des infrastructures aux États-Unis est également une bonne idée : construire ou rénover les routes, autoroutes, chemins de fer et aéroports est de nature à augmenter la croissance. Mais pour faire tout cela, l’État américain devra emprunter.

Il est vrai qu’emprunter lorsque les taux sont aussi bas qu’aujourd’hui, c’est l’idéal. C’est ce que la commission européenne essaie également de faire avec le fameux plan Juncker de plus de 300 milliards d’euros. Mais il y a un « hic » dans cette belle histoire. Ce programme économique ne marchera que si les taux restent bas. Or, avec lui, les taux d’intérêt vont remonter et ils sont déjà en train de remonter à toute allure ! C’est normal, Donald Trump a l’art de dire tout et son contraire. S’il augmente les taxes sur les importations des produits chinois, il n’y a pas de secret, ces produits vont coûter plus cher et cela se verra dans l’inflation. Comme il n’a pas d’argent pour financer son programme économique, il va emprunter, et donc, il va creuser son déficit et donc, cela va augmenter mécaniquement les taux d’intérêt.

En résumé, il a beau faire le matamore, Trump est d’ores et déjà confronté au mur de la réalité. Mais en a-t-il cure ? Regardez ce qu’il a dit tout au long de sa campagne électorale aux ouvriers et aux classes populaires qui votaient pour lui ? Il leur a dit qu’il allait assainir le « marigot » de Washington, qu’avec lui, l’ère du mensonge, c’était fini. Mais si on regarde la liste des personnes qu’il a engagées pour former son gouvernement, on sait qu’ils n’assécheront certainement pas le « marigot » de Washington, car ce sont tous des vieux crocodiles qui ont pu prospérer grâce à ce « Marigot ».

Même chose pour les critiques de Trump à l’égard de Wall Street soupçonnée d’avoir favorisé Hillary Clinton. Aujourd’hui, il a engagé à ses côtés des vétérans de Wall Street et de Goldman Sachs, la banque d’affaires la plus influente au monde…

Sans compter que si les taux augmentent à cause de la politique économique de Trump, le futur président des États-Unis devra gérer 63.000 milliards de dettes qui peuvent brûler les doigts si les taux d’intérêt explosent. Peu de gens font attention au marché obligataire, c’est un truc pas sexy et d’ailleurs le mot « obligation » indique en soi une corvée comme le fait remarquer l’excellente commentatrice, Simone Wapler. Mais les experts le savent, si les taux remontent trop rapidement dans le monde à cause des États-Unis, ce serait un drame, car tous les gouvernements – y compris le gouvernement belge – devraient emprunter à des taux plus élevés, et donc pour équilibrer le budget, ce sera infiniment plus difficile.

Mais de tout cela, la Bourse a décidé de ne rien voir et de se focaliser sur les aspects positifs du programme éco de Donald Trump. Exactement comme ce personnage de dessin animé qui tombe d’un gratte-ciel et qui à mi-chemin dit « pour le moment tout va bien ».

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