Pour prédire l’avenir, les druides et autres conseillers des princes essayaient d’interpréter le vol des oiseaux ou les entrailles des poulets. Les économistes, dont l’une des tâches est aussi de prévoir l’avenir, ont heureusement d’autres outils plus scientifiques… mais pas toujours plus fiables.
Avec l’arrivée du Big Data, c’est-à-dire de la science qui peut faire parler les milliards de données personnelles que nous laissons quotidiennement sur le Net, certains se prêtent au jeu d’imaginer que l’avenir sera mieux dessiné qu’il ne l’est aujourd’hui. Et sur ce plan du Big Data, c’est un économiste de la Banque centrale du Royaume-Uni qui m’a étonné, car il prétend en quelque sorte deviner l’avenir grâce à… Spotify ! Vous savez, c’est ce site d’écoute de musique en ligne qui vient d’ailleurs de s’introduire à la Bourse de New York.
Deviner l’avenir grâce à Spotify ? C’est dingue d’imaginer qu’un économiste en costume trois-pièces s’amuse à analyser ce site de musique on line pour savoir ce qui nous attend demain sur le plan macroéconomique. C’est pourtant la stricte vérité et mes confrères du journal L’Echo s’en sont fait l’écho, sans mauvais jeu de mots.
« Des citoyens et des patrons confiants en l’avenir sont généralement à la base d’une économie en croissance »
À la lecture de cet article, l’idée de Spotify n’est pas si idiote que cela. Après tout, comment fonctionnent aujourd’hui les notes de conjoncture, notamment les indices de confiance des ménages et des patrons dans l’économie ? C’est simple: la Banque centrale de chaque pays mesure le pouls de la confiance de ses citoyens ou de ses patrons en leur envoyant un questionnaire de satisfaction et de confiance.
Bien entendu, seul un échantillon de la population et des patrons reçoit ce questionnaire, mais avec cela, la Banque centrale arrive malgré tout à mesurer notre degré de confiance dans l’avenir. Eh bien, en analysant de manière très fine les morceaux de musique écoutés sur Spotify et en faisant des recherches parallèles sur les paroles des chansons écoutées, les économistes de la Banque d’Angleterre estiment qu’ils pourront arriver à chiffrer l’humeur des citoyens britanniques.
En d’autres mots, ils pourront mieux mesurer leur confiance dans l’avenir. C’est important comme information, car des citoyens et des patrons confiants dans l’avenir sont généralement à la base d’une économie en croissance.
En fait, l’analyse des données Spotify, couplée aux achats de livres ou à la consommation de programmes TV, pourrait même permettre d’affiner encore plus les prévisions des économistes. Sachant que c’est avec nos données personnelles que tout ce beau monde veut prédire l’avenir, je me demande si nous n’étions pas mieux lotis à l’époque où ces experts se contentaient de regarder le vol des oiseaux…