Les voyageurs d’affaires, habitués des aéroports, évitent autant qu’ils le peuvent de tomber dans le piège. Les produits de consommation courante vendus dans les zones de transit sont en général 200% plus chers que dans les commerces traditionnels. Des prix exorbitants qui seraient, en partie, justifiés.
Qui n’a jamais vécu l’expérience (douloureuse pour le porte-monnaie) d’un achat de dernière minute en attendant l’heure de l’embarquement en zone de transit ? Une petite bouteille d’eau et un sandwich ou une viennoiserie pour tromper la faim avant un long voyage qui vont vous coûter aussi cher qu’un plat du jour dans un restaurant.
L’addition salée dépasse, de loin, le cours des prix normaux. 15 € pour la boisson et une légère collation, et encore sans le moindre excès car les prix prohibitifs ont vite fait de vous couper durablement l’appétit.
Alors pendant que vous restez sur votre faim vous imaginez certainement que d’autres se « goinfrent » sur votre dos. Et pourtant ce ne serait pas le cas pour la plupart des commerçants présents dans les aéroports.
Des prix élevés en raison des loyers des commerces ?
Pour bien comprendre cette politique commerciale, il faut maîtriser toutes les données. Les revenus d’un aéroport sont généralement répartis à parts égales entre deux grandes catégories : aéronautique (l’argent qu’il tire des redevances d’atterrissage et des compagnies aériennes) et non aéronautique (stationnement, concessions, hôtels).
La composante concessions – qui comprend les aliments, les boissons et les ventes au détail – représente jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires total et fait partie intégrante de ses résultats nets. En terme de rentrées d’argent, le stationnement aéroportuaire est en tête de liste, mais les concessions suivent de près, ce qui induit des loyers très élevés pour les commerçants candidats à l’exploitation d’une boutique.
- Le beaucoup d’argent dépensé aurait cependant peu de profits mirobolants pour les concessionnaires de boutiques qui doivent faire face à une multitude de dépenses d’exploitation auxquelles la plupart des clients ne pensent jamais : Loyers élevés (les aéroports prennent un pourcentage des ventes totales),
- Coûts de construction et d’aménagement élevés,
- Coûts élevés de sécurité, de manutention et de logistique,
- Main-d’œuvre coûteuse (salaires moyens plus élevés que les emplois traditionnels dans le commerce de détail).
Et tous ces coûts supplémentaires sont pris en compte dans le prix que nous payons pour la petite bouteille d’eau ou n’importe quel autre article disponible à la vente. Les étalages ne manquent d’ailleurs pas de choix pour nous inciter à dépenser encore plus, toujours plus.
Quelle réglementation tarifaire ?
Aujourd’hui, la plupart des aéroports imposent des règlements sur le prix que les vendeurs peuvent facturer – généralement pas plus de 10-15 % de plus que le « prix courant ». Mais l’établissement des prix peut être problématique à bien des égards. Déjà, le terme « prix courant » ne repose sur aucune base précise. Qu’entend-on par « prix courant » ?
Est-ce le prix d’une boisson vendue dans un parc de loisirs, au pied de la Tour Eiffel, ou le prix pratiqué dans les grandes surfaces ? C’est bien là que se situe la problématique car il n’y a, en fait, aucune grille tarifaire prédéfinie et en plus les contrôles sont quasi inexistants dans les aéroports. Enfin il s’agit de commerce et le client a toujours la possibilité de refuser s’il s’estime victime d’un racket organisé.
La petite bouteille d’eau, l’un des best-sellers des boutiques d’aéroports, coûte moins de 50 centimes dans une grande surface et se vend pourtant jusqu’à 3 € en zone de transit. Ce qui ne nous empêche pourtant pas de les acheter. Selon les données du Hudson Group, qui exploite 950 magasins d’aéroport aux États-Unis, les bouteilles d’eau occupent les 5 premiers rangs de la liste des articles les plus vendus.
Temps d’attente plus long = plus de dépenses ?
D’après le site américain thehustle.co qui a mené une enquête sur ce sujet, les aéroports feraient tout pour que nous dépensions le plus d’argent possible pendant notre attente en zone de transit.
Nous dépenserions en moyenne 6 € pour chaque heure que nous passons dans une aérogare ; inversement, nos dépenses diminuent de 30 % pour chaque tranche de 10 minutes que nous passons dans une ligne de contrôle. Pour augmenter le temps d’attente, les aéroports nous encouragent à arriver très tôt et ils investissent dans l’accélération du processus de sécurité et d’embarquement.
Là où il y a un hall d’embarquement, il y a une possibilité de gagner de l’argent. Selon un rapport récent, le commerce de détail dans les aéroports représente 40 milliards de dollars par année à l’échelle mondiale et devrait atteindre 60 milliards de dollars d’ici 2022.
Un marché en pleine forme, les ventes dans les aéroports ont augmenté de 7 % au cours des 2 dernières années. Quelque 3,8 milliards de personnes transitent par les aéroports chaque année, et ce chiffre devrait doubler au cours des 20 prochaines années. La poule aux œufs d’or n’a pas fini de pondre.
(Avec Deplacements Pros)