Chacun a évidemment son idée sur le sujet, et Bernie Sanders, le candidat de la gauche américaine, a déjà sa réponse : pour lui, c’est simple, les milliardaires ne devraient pas exister. Voilà, c’est dit et c’est radical. Mais il a beau le dire, le nombre de milliardaires ne cesse d’augmenter, surtout depuis ces dix dernières années.
L’intérêt de l’enquête du New York Times est de révéler que les riches ont beau être plus riches, leur envie de travailler ne diminue pas d’un iota. Mais pourquoi ?
Voici les réponses apportées par le NYT : d’abord, il n’y a pas de chiffre de richesse à partir duquel, on décide de s’arrêter, autrement dit, il n’y a pas de date de pension ou de péremption pour un milliardaire. La deuxième raison évoquée par le quotidien new yorkais, est que l’argent, c’est comme l’alcool (pas besoin d’expliquer l’addiction, c’est évident).
Une autre raison, c’est que les riches, malgré leur richesse, ont peur d’une catastrophe économique qui pourrait engloutir leur patrimoine. C’est la raison pour laquelle, les milliardaires continuent de pédaler : ils ont trop peur que le monde s’effondre autour d’eux.
Une quatrième raison, moins évidente, est que les riches de ce monde sont des personnes seules et anxieuses, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’enquête du New York Times montre que les riches ont ainsi tendance à voir moins de monde et à s’isoler en partie.
Être riche, c’est relatif…
Mais la vraie raison, sans doute la plus importante pour comprendre pourquoi les milliardaires n’arrêtent pas de travailler, c’est qu’être riche, c’est relatif. Si j’ai un milliard de dollars sur mon compte mais que mon voisin en a 4, je ne me sens pas riche et je continue de travailler comme un fou. C’est ce que me disait un homme d’affaires très, très fortuné : « Tu sais, Amid, il y a toujours quelqu’un qui signe un plus gros chèque que toi. » J’avais retenu la leçon et, quand ce milliardaire en euros est décédé, je me suis souvenu de cette phrase.
En économie, cette tendance à regarder l’assiette du voisin porte un nom chic: le paradoxe d’Easterlin, du nom de cet économiste américain qui, sur la base de statistiques, a démontré qu’à partir d’un certain seuil de richesse, le bonheur n’augmentait pas. Il y a deux explications à cela: la première, c’est que l’on s’habitue à son niveau de vie.
Regardez tous ceux qui ont reçu une augmentation salariale, ils font des pieds et des mains pour l’avoir et après quelques mois, ils ont déjà oublié et adaptent leur train de vie à leur nouvelle situation financière. La deuxième explication pour justifier le paradoxe d’Easterlin, c’est tout simplement la jalousie.
C’est très bête à dire, mais l’argent rend plus heureux si l’on en a plus que son voisin. Ce n’est d’ailleurs pas une spécificité des milliardaires, n’importe quel salarié dans n’importe quelle entreprise peut constater ce phénomène chaque jour. Le regretté coach américain David Schwartz disait que la comparaison est un poison, mais c’est ce poison qui fait tourner le monde.